Et toi, tu es Marthe ! » : c’était le prénom que lui avait choisi le pasteur de son catéchisme. Suzanne vient de fêter ses cent ans. Elle a toujours essayé de voir et de comprendre ce que toutes les Maries faisaient, alors qu’il était prévu qu’elle s’occupe des choses pratiques dans la maison. Il y avait tant de choses à faire et à vivre aussi…
Transmettre
Lorsqu’elle a commencé à travailler comme professeur de biologie, elle s’est donné beaucoup de mal pour transmettre la science d’une façon concrète et tangible, en se servant d’expériences ou de visualisation. Elle soutenait aussi son mari, professeur de biologie et d’écologie à l’université, dont le but était de créer le Parc naturel régional du Luberon. Après sa mort, et bien que le couple ait divorcé, c’est elle qui a fait l ’inventaire de sa bibliothèque et de ses documents, si importants pour la science.
Elle a passé pas mal de temps en Afrique, a deux fils et plusieurs petits-fils, et aussi une fille, France Réal, qui fut professeur de musique et qui préside le conseil presbytéral de Pertuis-Lourmarin.
Une longue persévérance
Suzanne, une Marthe inépuisable dont le travail fait vraiment preuve d’amour ! Je l’ai croisée dans les divers temples du Luberon, mais aussi au sein de l’Association d’Études Vaudoises et Historiques du Luberon (AEVHL). J’étais très impressionné par son énergie, son engagement et sa persévérance dans ses « missions ».
Elle se vouait au travail dans sa paroisse protestante, qui cherchait un nouveau président, et, en même temps, plongeait dans un tout autre domaine que le sien, l’histoire des vaudois dans le Luberon. Elle a écrit un livre sur la maison qu’elle habitait, une bastide vaudoise du 16e siècle (il sera réédité par l’AEVHL cette année). Mais son « chef-d’œuvre » est peut-être ailleurs et plus visible : il lie le fait religieux à l’histoire et à l’art. En effet, si vous parcourez la route des dix temples du Luberon, vous pourrez suivre la chronique de la présence des vaudois et protestants dans la région, rendue comme un ensemble d’images et de textes sur des plaques de carreaux émaillés, fixées à la façade de chacun de ces édifices.
Spiritualité en actes
Lorsque je me rends dans le temple, pour le culte, j’ai l’habitude d’entrer dans une interprétation et un discours spirituel sur l’existence. Quand je rencontre Suzanne Réal, c’est différent : elle ne parle jamais du message du Christ, mais a une conviction très profonde et sûre d’agir au profit de la communauté ou de l’association. Ce qui me surprend chez elle, c’est cette stabilité, cette motivation inébranlable pour agir et montrer un visage réjouissant. Un exemple positif pour moi !