Espérance est un de ces mots qui ne se coulent pas dans une définition brève. Dans ses usages au fil des textes bibliques, espé­rance se révèle comme un mot scintillant, chatoyant, radieux, un mot qui dispose d’un éclat parti­culier et confère un éclat particulier à ce qu’il rencontre véritablement. Ce qui désaccorde l’espérance d’avec une définition, c’est que l’espérance se tient entre deux notions dynamiques que sont le possible et le trouble.

Le possible, le « peut être », convoque de la plura­lité, de la diversité, de l’imagination, de l’impatience (qui n’empêche pas la patience) et de l’impertinence, une promesse, du désir, de la liberté.

Le trouble est celui de l’inquiétude, du bouleverse­ment, de la contestation, de l’insatisfaction devant les faits, de la perturbation de ce qui est imposé ou qui s’impose, les clôtures, les barrières, les fermetures.

Le possible et le trouble découvrent un horizon, un avenir encore indéterminé, ils font brèche, ils ouvrent des chemins. L’espérance est dynamique, mise en mou­vement même si tout semble clôt, même si tout semble englobé dans une totalité qui prétend combler toutes les attentes et qui s’évertue surtout à en réduire le nombre pour mieux focaliser sur elle les regards et les pensées.

L’espérance : une double insurrection

L’espérance déphase, décale, désoriente et réoriente, car elle est tenue et maintenue par ce que l’Évangile ouvre de nouveaux regards et de nouveaux rapports à soi, aux autres, au monde.

Il y a dans l’espérance comme une insurrection, une double insurrection. D’une part, insurrection face aux pensées et sys­tèmes religieux qui affirment que l’ordre du monde tel qu’il est reflète un ordre divin quel que soit le nom qu’on lui donne. Adaptons-nous disent ces systèmes, puisque l’ultime est traduit par ce qui est. Il y a bien des religions au service d’idoles, affirmant qu’elles sou­tiennent et orientent le monde et qu’il n’est pas moyen d’y échapper – nous pouvons penser là à toute logique de domination (économique, politique…)

Non ! affirme l’espérance, d’autant plus fort lorsque ces systèmes absorbent le mal et le malheur en les requa­lifiant en « mystère » devant lequel il ne reste qu’à s’in­cliner et endurer, car les logiques des idoles comportent toujours des sacrifices et surtout des sacrifiés.

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