Si l’abstention est pour l’instant la grande gagnante des récentes élections locales, elle s’avère particulièrement marquée chez les 18-24 ans, atteignant jusqu’à 87% selon les régions.  Une génération qui, de scrutin en scrutin, marque sa désaffection pour le vote. Ceci n’augure rien de bon pour l’élection présidentielle qui s’avance…

On ne peut pourtant pas dire que les millenials (ceux qui sont nés peu ou prou à l’aube des années 2000) soient une génération désintéressée par l’avenir, bien au contraire. Marche pour la planète, engagements solidaires…, les jeunes se sentent concernés par le réchauffement climatique, l’injustice sociale ou le sens de la consommation ou du travail. Mais, manifestement, la désignation d’élus locaux ne leur apparaît pas comme un mode de représentation qui mérite qu’ils se déplacent.

Il serait très réducteur de jeter la pierre à l’école – en reprochant aux cours d’EMC (éducation morale et civique, excusez du peu !) de ne pas suffisamment sensibiliser nos jeunes à l’importance des institutions et à leur devoir de citoyens. N’oublions pas que la vie citoyenne, comme l’éducation, ça commence à la maison. Alors, en tant que parents, comment pouvons-nous motiver les jeunes troupes ? On met tout de suite de côté les mauvaises stratégies qui consisteraient à les critiquer, les menacer ou les culpabiliser… Nous sommes bien d’accord que ça n’a jamais fonctionné ? On peut tenter, en revanche, d’autres choses plus constructives :

  • D’abord en leur rappelant que voter est un droit chèrement conquis – et encore plus pour les femmes, qui représentent une bonne moitié du corps électoral. Par simple respect pour ces combats, on peut tout de même prendre un peu de son temps, non ?
  • En battant en brèche l’argument qui consiste à dire : « Les élus ne me représentent pas, donc je n’y vais pas ». Certes, on leur signe un blanc-seing pour la durée de leur mandat – dont ils auront cependant à répondre lors du scrutin suivant. Oui, c’est un choix et un droit de ne pas voter. Mais on prend un risque, celui de voir désigner des politiques qui nous ressemblent encore moins. A-t-on vraiment envie de laisser les autres (ceux qui se sont déplacés) décider pour nous ? Rappelons-leur cet aphorisme de Winston Churchill : « La démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres ». Mieux vaut une démocratie que l’on juge imparfaite, mais à laquelle on contribue, que pas de démocratie du tout.
  • Il faut encourager le dialogue – et le débat, en famille. L’une des vertus des repas (notamment le dîner) où l’on se retrouve autour de la table familiale, est de pouvoir commenter à tout va l’actualité, échanger, argumenter… Un jeune qui réfléchit sera toujours un adulte qui réfléchira toute sa vie. Peser des arguments, comprendre les rouages d’une question de société, supporter la contradiction… entretient le libre arbitre comme l’esprit critique, et c’est plutôt sain. Donc, on commente les slogans, on décrypte les programmes, on analyse les candidats…
  • Il faut faire preuve d’exemplarité et être cohérent… en allant voter soi-même. Vous n’êtes pas là ? Vous avez toujours la possibilité de faire une procuration, et pourquoi pas à l’un de vos enfants ? Quand les enfants sont plus petits, les emmener systématiquement avec soi quand on va voter, leur expliquer ce qui se passe, est une initiation « grandeur nature » dont ils se souviennent longtemps.
  • La familiarisation à la vie locale est un bon apprentissage de la citoyenneté. Chaque fois qu’un jeune s’engage dans une association, chaque fois qu’il participe à une cause locale (collecte, chantier de rénovation…), il se met en situation de mieux appréhender l’environnement politique et social dans lequel il évolue. Militer pour une cause, monter un projet, créer une activité… sont autant d’occasions de rencontrer des partenaires locaux, de comprendre les enjeux à moyen ou long terme, de connaître le financement de telle action ou la subvention qui vient compléter tel projet, de rencontrer un adjoint, son maire ou son député… Et pourquoi ne pas l’encourager à s’engager lui-même ? En rentrant dans le conseil des jeunes de sa commune, en se présentant comme délégué, en devenant administrateur ou trésorier d’une association ?

Personnellement, je ne pense pas que la désaffection des jeunes pour la politique soit une question de mode de scrutin. Le vote par correspondance ou par internet n’arrangera pas forcément les choses. Certes, il faudrait « ré-enchanter la politique », mais il est temps d’intégrer dès maintenant les enjeux, au-delà de sa petite personne. Une année électorale d’importance s’annonce, préparons-la en famille !