Après avoir reconnu la « responsabilité institutionnelle » de l’Église catholique de France dans les abus sexuels dont ont été victimes 330 000 enfants depuis 1950, les évêques ont annoncé, lundi 8 novembre à Lourdes, une série de mesures pour éviter que de tels faits ne se reproduisent. Dans ce cadre, par exemple, un dispositif de reconnaissance et d’indemnisation des victimes sera mis en place. Il sera « abondé » grâce à l’argent récolté « en se dessaisissant de biens immobiliers ou en contractant « un emprunt », sans faire appel à l’argent des fidèles, rapporte La Provence. Nationale et indépendante, cette instance sera constituée dans le but d’instruire les demandes des victimes de violences sexuelles. L’ancienne Défenseure des enfants, Marie Derain de Vaucresson, en prendra la tête. Elle constituera son équipe comme elle l’entend, sur le modèle de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase).

Parallèlement, neuf chantiers seront lancés. Des groupes de travail, réunissant des laïcs, des diacres, des prêtres, mais aussi des personnes consacrées ou des évêques sont formés. Des victimes de pédocriminels les rejoindront afin de plancher sur différents thèmes dont le « partage de bonnes pratiques devant des cas signalés ». La « confession et l’accompagnement spirituel », ainsi que l’« accompagnement des prêtres mis en cause » ou la « formation des futurs prêtres » seront aussi au programme. Sans oublier l’« analyse des causes des violences sexuelles au sein de l’Église », les « moyens de vigilance et de contrôle des associations de fidèles menant la vie commune et de tout groupe s’appuyant sur un charisme particulier« , l’« accompagnement du ministère (mission, ndlr) des prêtres » et celui « du ministère des évêques ». Un coordinateur y sera chargé (homme ou femme) d’assurer le suivi des recommandations de la commission Sauvé.

Une équipe de visiteurs

Lundi, la conférence des évêques de France a aussi demandé au pape François d’envoyer une équipe de visiteurs. Celle-ci aura pour mission d’évaluer leur mission de protection des mineurs. Autre mesure concrète annoncée : la vérification systématique des antécédents judiciaires de tout agent pastoral appelé à travailler entouré de mineurs. La généralisation de la signature d’un protocole entre les diocèses et le ou les parquets dont il dépend, complète notamment ce dispositif de lutte contre la pédocriminalité, qui passe aussi par la mise en place d’un référentiel national de mesures de prévention pour les diocèses, les mouvements et les communautés.