La présente réflexion est motivée par le document proposé par les rapporteurs nationaux de l’Eglise protestante unie de France,  à propos du thème synodal intitulé « Écologie, quelle(s) conversion(s) ? ». Mais il est probable que les critiques formulées ici pourraient être reprises à propos d’autres documents d’« écologie chrétienne » – pensons par exemple à ceux du Conseil œcuménique des Églises – tant il semble y avoir un certain conformisme quant à la manière d’aborder ces problèmes.

1. Évidence et conformisme

L’idée-force qui se dégage du document synodal est qu’une repentance et une conversion sont commandées par le constat du mal écologique. Il y a un mal sous la forme des multiples désastres qui nous frappent, et menacent de nous frapper toujours plus, jusqu’à l’anéantissement, si rien n’inverse cette tendance : c’est inacceptable, il faut que cela s’arrête, il faut changer de direction, se repentir et se convertir. D’ailleurs, chaque jour la réalité de ce mal devient toujours plus évidente. La démarche suivie dans le document synodal consiste donc à partir du constat évident du mal écologique pour conduire à la repentance. Ainsi la conversion serait une réponse qui, par un ensemble d’attitudes et de pratiques, contribuerait à faire cesser ou du moins ralentir le réchauffement climatique, la pollution des sols et des océans, etc. Du coup, le mal est connu, bien connu, parce qu’il est devenu évident – quoique son ampleur ne cesse de nous surprendre –, tout comme en retour le bien à viser est connu, et lui aussi évident, en ce qu’il est correction voire suppression de ce mal. C’est typiquement ce que l’on peut appeler un combat : il y a un mal, bien identifié, à supprimer pour parvenir à un bien. Et il est probable qu’il faille en effet se mobiliser pour se battre contre un certain nombre d’adversaires qui n’ont pas intérêt à ce que cela change : d’une part, des adversaires extérieurs comme ceux qui dominent l’économie d’hyperconsommation de notre monde, d’autre part des adversaires intérieurs, à savoir tout ce qui forme et alimente nos égoïsmes éduqués et soumis aux jouissances de la grande consommation.

La première interrogation est la suivante : que vient faire l’Évangile dans cette logique ? Dans ce combat ? Si le mal est identifié, et du coup le bien aussi, pourquoi invoquer l’Évangile ? Pourquoi invoquer le culte et ses différents temps liturgiques ? Pourquoi parler de repentance et de conversion ?

Attention, évitons le malentendu : il faut soutenir sans réserve que le culte est le lieu de la prière incarnée des […]