Emmanuel Macron sera sur TF1 et LCI mercredi 15 décembre, à 21 heures. Au programme, deux heures d’entretien sur le thème « Où va la France ? ». Cette tribune agace les représentants de l’opposition. Valérie Pécresse, candidate LR, a, par exemple, écrit au CSA pour lui demander de décompter ce temps de parole du futur candidat Macron. « À l’évidence, cette émission ne s’inscrit pas dans l’exercice de la charge de président de la République, mais bien dans le cadre de l’élection présidentielle à venir », estime-t-elle. Le Point rapporte que la candidate LR à la présidentielle d’avril 2022, dont l’émission prévue le même soir sur BFM TV a été annulée, a également demandé que « chaque candidat (bénéficie) dans les mêmes conditions de deux heures d’antenne » sur les mêmes chaînes. 

Du côté de la majorité, Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, a expliqué sur franceinfo « que la parole (du Président) est attendue sur l’action qui est menée, sur la crise, sur le bilan du quinquennat : c’est légitime ». Et de rappeler qu’en janvier 2012, le président Nicolas Sarkozy avait participé à une émission diffusée sur huit chaînes. À ce moment, pourtant, le chef de l’État n’était pas encore candidat à sa réélection. « À l’époque, [Valérie Pécresse] défendait le fait (…) que le président de la République puisse s’exprimer dans un contexte de crise », a-t-il souligné, en prenant le soin de reprendre les propos de l’actuelle présidente de la région Île-de-France.

« Un entre-deux qui n’est pas sain » 

Elle n’est pas la seule à avoir saisi le CSA. Jean-Luc Mélenchon (LFI) en a fait autant et évoque une « comédie monarchique ». Marine Le Pen (RN) n’est pas en reste. Pour elle, « l’honnêteté minimum serait de dire qu’il est candidat ». La candidate à la présidentielle de 2022 dénonce une double « rupture », d’abord « dans la loyauté due aux Français », ensuite « de l’égalité des chances entre les différents candidats », relate l’hebdomadaire. Boris Vallaud (PS), lui, parle « d’un entre-deux qui n’est pas sain ».

Forcément, du côté de la majorité, le propos est tout autre. Le ministre des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau (MoDem), assure quant à lui que c’est « comme président » qu’Emmanuel Macron s’exprime. « Tout ça pour un président qui gouverne… » commente Stanislas Guerini, chef de file de LREM. « Emmanuel Macron est président de la République, élu pour cinq ans, pas pour quatre ans et demi », lance Christophe Castaner, ex-ministre de l’Intérieur.

Des précédents réguliers

En France, cette situation n’est pas inédite. L’accusation de duplicité est même devenue une habitude en période préélectorale, rappelle Le Point. En février 1988, Jacques Chirac s’agaçait aussi du silence « pas convenable » du président sortant, François Mitterrand. Et, en janvier 2002, François Bayrou déclarait : « Il y en a marre qu’on nous prenne pour des imbéciles. » Face à lui, le président Chirac pour qui « le temps de la campagne n'(était) pas encore venu ».