C’est d’abord un monde à part. Tout, dans la langue qu’elle utilise (la langue judiciaire pas plus claire à l’oral qu’à l’écrit), dans les costumes qu’elle exhibe (et peu savent reconnaître la robe d’un avocat ou d’un greffier de celle d’un magistrat) et dans les institutions qu’elle incarne, constitue un monde assez « opaque » pour le citoyen moyen : d’où le sentiment mélangé de révérence et de crainte qu’elle suscite.

Mais il y a plus : c’est un monde complexe. Les différentes « instances » qu’elle empile (la première instance, la seconde et ainsi de suite) sont autant de mondes compliqués car les règles peuvent varier de l’une à l’autre. Et les compétences complètent ce tableau, où le néophyte ne comprend pas « pourquoi les juges n’ont pas dit ceci ou cela… ». Bref de quoi agacer les citoyens et valoriser ceux qui, s’y connaissant un peu, ont fait des études de droit.

Pour aller au plus simple, on pourrait dérouler un propos en trois temps : l’histoire, toujours présente dans les institutions, la structure spécifiquement française du système judiciaire et enfin un regard sur le mode de fonctionnement.

1. Une histoire particulière : d’une justice divinement royale à une justice du Peuple

Dès le Haut Moyen-Âge, le signe de l’autorité n’est pas comme le croient beaucoup de nos contemporains l’armée ou les finances, mais la justice, car dans cet exercice, l’homme ressemble à Dieu. Mais cette justice est émiettée entre d’innombrables détenteurs d’autorités qui s’empilent et se […]