Pendant tout le confinement, il fut quasiment impossible de trouver un kilo de farine… Normal, les Français bloqués chez eux s’étaient remis aux fourneaux : tartes ou cookies réconfortants pour petits et grands (il faut dire qu’il a fallu nourrir toute une famille trois fois par jour), mais aussi pain ou viennoiseries – rien ne nous a fait peur ! L’occasion a été idéale pour se lancer dans des essais culinaires et mettre l’alimentation maison au cœur des activités – en solo ou en famille. Si on en croit le Huffington Post, 37% des Français ont cuisiné plus de plats maison pendant le confinement.

Au delà de l’aspect purement occupationnel, l’intérêt-santé est également devenu une priorité – et encore plus sans doute en période de crise sanitaire. Mais dès lors qu’il a fallu se fournir en denrées meilleures pour la santé, et dans un rayon de déplacement réduit, beaucoup ont découvert l’existence de petits producteurs, ou de circuits d’approvisionnement proches de chez eux.

Une habitude que l’on aimerait garder par la suite. Mais, comme souvent, une idée neuve qui refait surface après avoir été galvaudée. Parce que, souvenez-vous, avant, le marché local (la bonne vieille halle municipale) était l’endroit où se réunissaient les petits producteurs de la région – avant de devenir ce simulacre du jeu de la petite marchande, où se côtoient des produits calibrés, tous issus du même marché de gros.

Alors, le circuit court, on y croit à nouveau ? Il faut peut-être d’abord régler un premier paradoxe : circuit court ne signifie pas forcément alimentation bio. Car, si cette dernière présente de meilleurs atouts-santé, en revanche elle peut se révéler une gabegie pour l’environnement. Vous en voulez, vous, des avocats qui viennent de l’autre côté de la planète ? Ramassés bien avant mûrissement, par des enfants ou des travailleurs exploités ? Dont l’empreinte carbone est désastreuse, et qui, une fois dans nos assiettes, fournissent moins de calories que celles qui ont été dépensées pour le produire, le transporter et le vendre ? Une hérésie de bout en bout !

Comment, dès lors, repérer les producteurs ou moyens de commercialisation qui nous rapprochent du lieu de production ? Car le circuit court, c’est soit la vente directe « du producteur au consommateur », soit celle qui ne comporte qu’un seul intermédiaire (généralement le producteur et un point de vente ou de distribution). En réduisant les intermédiaires, on réduit aussi les coûts ajoutés. Au final, le producteur est mieux rémunéré, et le consommateur paye moins cher. C’est une démarche gagnant-gagnant. Si l’impact énergétique ou économique est une bonne motivation, celui du lien social ne l’est pas moins.

Connaître le producteur, c’est aussi savoir comment il travaille. Et parfois, il vaut mieux un agriculteur qui exploite des petites surfaces, de manière traditionnelle, plutôt qu’un gros exploitant bio. C’est, en particulier, cet esprit qui prévaut dans les pionniers du circuit court que sont les AMAP (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) : soutenir un exploitant (ou un groupe de producteurs) que l’on connaît – et en qui on a confiance. En adhérant à une AMAP, on s’engage par avance à acheter une partie de leur production. Une fois par semaine, on reçoit son panier : fruits, légumes, viande, céréales, œufs, fromages… tout est possible. On a des produits de saison, et quelques fois des surprises, qui obligent à faire travailler son inventivité culinaire ! De temps à autres, les adhérents d’un même groupe vont sur place rendre visite à leurs producteurs préférés. Autant d’occasions de moments conviviaux, de dégustations et d’échanges. Vous recherchez une AMAP ? Consultez l’annuaire national.

Plus récemment, des intermédiaires éthiques ont vu le jour, comme La Ruche qui dit Oui ou Bienvenue à la Ferme. Ils ont professionnalisé le système, en ajoutant une dose de numérique pour faciliter la rencontre entre les producteurs et les consommateurs-acheteurs. La distribution est généralement hebdomadaire, et les lieux de retrait nombreux, et très souvent urbains. L’offre est également un peu plus large : épicerie (farine, huile d’olive, pâtes artisanales, épices, miel…), boissons (avec de la limonade, du vin, ou de la bière locale…), boulangerie, pâtisserie… Ils organisent régulièrement des événements pour rencontrer et échanger avec les producteurs ou artisans.
On ne vous citera pas ici les sites internet qui livrent des paniers tout-faits, car, même s’ils se fournissent auprès d’agriculteurs ou d’artisans traditionnels, ils génèrent emballages multiples et transports.

Mais le plus simple reste tout de même de réussir à aller à la ferme ou directement chez le producteur, ou de faire son marché soi-même auprès de producteurs locaux. Quel plaisir de choisir ses tomates (quand c’est la saison !) ou de cueillir ses fruits. Et quelle belle occasion de faire découvrir aux enfants le fonctionnement d’une ruche ou d’une chèvrerie ! Pour cela, on consulte les bonnes adresses de Bienvenue à la ferme, des Marchés des producteurs de pays

Alors, si dans votre panier vous trouvez un potimarron, du fenouil, des quetsches ou une betterave (quelques-uns des fruits et légumes de septembre), il ne vous reste plus qu’à trouver des recettes, mais ça, ce sera l’objet d’un autre article !