« On a commencé avec une première web-série télé, puis après on a fait « Ma femme est pasteur », c’est comme cela que l’on s’est fait voir et que l’on a eu un petit peu de visibilité dans le monde protestant. Avec cet agnostique, marié à une pasteure, on est pas très loin de ma vie », précise le réalisateur. « Ensuite on a fait plein de petites web-séries, avec des « marques », notamment une – qui n’a duré qu’une seule saison -, qui s’appelle « Le Big marché de la vie ». C’est l’histoire d’une personne qui n’a pas de métier, mais dont le métier, justement, c’est d’aider les gens. Puis on a créé le « vlog » [Vidéo-Blog] : le « Road Trip Spirituel » avec Carolina. L’idée s’était de prendre les thèmes qu’elle avait envie de communiquer, mais de lui faire vivre l’expérience pendant qu’on filmait. Par exemple, le premier posait la question : « Est-ce que la vie a un sens ? » Carolina devait sauter en parapente. On en a fait sous l’eau, en trotinette, en bicyclette, la nuit, plein de petites expériences. Ils nous en reste encore quelques-unes à tourner et l’on a envie de continuer. Mais pendant cette période, on va dire difficile sanitairement, on a du arrêter les tournages.

Mais, « il y a quelque chose que j’ai adoré et que j’aimerai continuer. C’est un court métrage, un spot de prévention contre le suicide chez les jeunes. J’y ai mis beaucoup de soin, c’est un spot de 2’30 et j’ai pris six mois pour le faire. On a fait un casting en Suisse et à Paris, rencontré plein de comédiens, parce que l’on devait le tourner en deux langues, en français et en anglais, dans une version « homme » et une version « femme ». L’idée, c’était de le proposer sur le web et grâce à l’IA, l’Intelligence Artificielle qui peut détecter l’utilisateur, de le décliner et de pouvoir l’offrir à l’utilisateur, soit au masculin, soit au féminin, dans sa langue. Donc, on a tourné ce même spot en quatre fois. C’était extrêmement poignant de le faire. Le texte a été écrit par Carolina, j’ai fait la réalisation. Les conditions de tournages étaient difficiles mais le film valait le coup. Lorsqu’on l’a diffusé sur Facebook, l’audience est montée jusqu’à 500 000 vues. On a arrêté de « sponsoriser » la vidéo, mais sur Youtube nous n’avons rien sponsorisé et il y a déjà à peu près 120 000 vues en « naturel ». Et des milliers de commentaires sous la vidéo. J’ai fait beaucoup de vidéos – peut-être 200-250 « capsules » humoristiques ou de réflexion, mais cela m’a vraiment rapproché d’autre chose. C’est un peu plus dramatique.  On a maintenant un nouveau projet, j’espère qu’il va se concrétiser, par rapport à la LGBT-phobie. Avec aussi un côté court-métrage, fiction. Je me sens dans ma mission. Si c’est comme un grain de sable, une petite chose que je peux apporter, qui peux donner un peu de lumière, alors, j’ai fait mon boulot.  »

Comment est né ce spot de prévention du suicide chez les jeunes ?

Le projet de film « Ta vie est précieuse » est né après un travail de recherche de SEO, c’est-à-dire de recherche sur le « référencement naturel sur le web ». « J’ai repéré que les mots les plus naturellement recherchés par les jeunes qui sont perdus, et souhaitent à un moment – parce qu’ils sont dans le désespoir – faire un acte que je n’aimerais pas qu’il puisse se passer. C’était les mots : « je veux me suicider ». Nous avons donc fait le même travail de référencement sur YouTube, et l’on est arrivé comme cela à mettre la vidéo au « Top » en numéro 2, sur ces mots-là, très écrits par les jeunes. Je vois beaucoup de commentaires de jeunes qui disent : « je voulais passer à l’acte, je suis tombé sur votre vidéo et finalement je me remets en question ». Je pense que l’on a fait un beau travail là-dessus. Avec cette stratégie digitale, par rapport à ces mots-là, je pense qu’on a fait une petite mission. Une petite mission sur le web. Actuellement, nous faisons le travail de financement pour la prévention de la LGBT-phobie. Sur chaque lettre, il y aura un court métrage de prévention. »

Ce dont on s’est rendu compte lors du tournage de ce spot de prévention contre le suicide chez les jeunes, c’est qu’en faisant cette prévention chez les jeunes, les parents aussi l’ont vu et ils ont pris conscience. « C’était vraiment un tournage très magique, parce que dans le spot, c’est une fille, une YouTubeuse qui parle face caméra et qui a déjà fait l’acte, donc elle est dans le cercueil. Elle raconte ce qu’elle a vécu. J’avais choisi deux personnes pour jouer ce rôle et ces deux personnes, justement, ont vécu cela ! Cela faisait une année qu’elles l’avaient vécu, juste là, au moment du tournage. C’est la vie. Mais cela a pris une ampleur émotive, tantôt pour l’équipe comme pour le tournage, qui fait qu’il y avait une petite magie. Comme dit Peter Brook, un metteur en scène que j’aime beaucoup, c’était l’invisible, l’invisible qui est là et qui fait-part, et cela nous dépasse ».

Quels conseils donneriez-vous à un jeune voulant diffuser des vidéos sur YouTube ?

Je suis conscient des risques qui existent par rapport à l’image que l’on donne et par rapport au fait que tout le monde ne maîtrise pas les codes d’internet, ni les conséquences. Il faut faire attention à ce que tu mets sur la toile, bien évidement. Parce qu’à un moment donné, ça ne t’appartient plus : c’est sur les réseaux. 

Ce qui est très factuel pour Victor Costa, à la lecture de Yuval Noha Harari – dans le livre Sapiens et le suivant, l’opus Homo deus**-, « c’est que nous sommes passés à l’ère du data, du « dataïsme, comme il le nomme très bien. Nous sommes passés de l’ère industrielle à l’ère du data et ce sont les jeunes qui sont dedans. Nous, les gens qui sommes nés dans l’industriel et qui avons vécu le data, nous nous demandons parfois si l’on va vraiment se développer là-dedans dans l’avenir. Bien évidement. Même s’il y a plein de nouveaux codes qui nous échappent. Dans mon cas, comme j’en ai fait mon métier, je ne fait « que manger du pixel Facebook », comme ont dit dans le jargon. Mais c’est le monde d’aujourd’hui. Évidement, il faut éduquer, apprendre à savoir marcher à quatre heure du matin dans la rue d’une grande ville comme il faut apprendre à publier sur les réseaux. […] Mais il ne faut pas se bloquer par peur – parce que c’est le monde qui est là aujourd’hui. Certes, nous sommes déjà dépassé. D’ailleurs, on a vu pendant cette période sanitaire que cette croissance qui était déjà là et exponentielle s’est accéléré. Le monde change. Mais comme la voiture est arrivée, comme les films en couleurs sont arrivés, comme le son est arrivé dans les films aussi, tout change. Il y a toujours l’école des gens un peu plus traditionnalistes qui diront, « j’aimerais vivre comme avant », et puis les autres, qui vont changer. […] Tout va changer. Parce que nous sommes en mouvement.