Nous sommes entrés dans des sociétés du temps court. Depuis combien de temps ? Depuis assez longtemps, sans doute. Quand on lit des travaux vieux de plus de cent ans, on s’aperçoit que les auteurs qui écrivaient à l’époque avaient déjà l’impression d’une accélération mal contrôlée.

Émancipation

Il est vrai que beaucoup d’éléments de notre société permettent d’être moins liés aux autres. Ce n’est pas forcément négatif. L’émergence du salariat a permis, par exemple, une moindre dépendance entre l’employeur et l’employé. Et tout n’est pas au bénéfice de l’employeur. Le salarié n’est pas un serf, taillable et corvéable à merci. Les grands systèmes d’assurance (publics ou privés) nous garantissent contre des risques qui, autrefois, reposaient sur des solidarités de proximité auxquelles on était lié, contraint et forcé. D’un point de vue économique, le développement du salariat féminin, après la 2e Guerre mondiale, a permis aux femmes de sortir de la dépendance du noyau familial. Le développement des transports a, pour sa part, élargi nos marges de choix : nous pouvons aller plus loin, explorer plus de destinations, faire venir des produits plus divers et, donc, varier davantage nos habitudes.

D’un attachement à l’autre

Et la conséquence logique de tout cela est que nos engagements sont moins nécessaires et sont plus fragiles. On l’observe depuis 60 ans, dans le domaine matrimonial. Les couples mettent plus de temps à se former. Les relations amoureuses relèvent, pendant toute une phase de la vie, d’une […]