Il se peut aussi que, à son corps défendant, le film vienne nous rappeler à quel point nous avons besoin de l’idée de fin du monde (donc de finalité) pour nous rappeler à notre vulnérabilité et à notre soif de réconciliation avec le monde.

 Nous avions tout

Dans Don’t look up l’annonce de la destruction finale est passée à la moulinette des préoccupations et des fantasmes des instances humaines, qu’elles soient politiques, médiatiques ou économiques. Aucune d’entre elles n’arrive à assumer le fait que la fin est proche, prévisible, irrémédiable. Si les commentaires sur l’analogie avec l’urgence écologique et les alertes scientifiques affluent, rares sont ceux qui se penchent sur les derniers instants de la famille qui attend la fin autour d’un dernier repas, dans la prière. Quelques secondes avant la conflagration, le protagoniste rappelle, après avoir parlé de son quotidien et de son café à moudre, « qu’ils avaient tout », pour finir par ne plus rien avoir, puis disparaître dans un ralenti esthétisant de la conflagration. Ainsi, le récit ne se résout pas dans le fait de voir la réalité en face (la fin prochaine du monde si on ne fait rien) mais de ne pas voir que « nous avions tout ». Et lorsqu’il s’agit de ne pas regarder en haut, ce n’est pas forcément de ne pas voir la comète dans toute sa […]