« Je ne céderai rien aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes… ». Ces quelques mots, formulés en septembre dernier par le Président français à l’adresse des opposants à sa réforme du droit du travail, ont choqué l’opinion publique. Emmanuel Macron a expliqué que ses propos, contrairement à l’interprétation qui en avait été faite, ne visaient nullement les syndicalistes, ni les travailleurs. Soit. Toutefois, le président français n’en est pas à sa première phrase du genre. N’a-t-il pas dit qu’« une gare était un lieu où se croisaient des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien »… ? N’a-t-il pas qualifié « d’illettrés » des ouvriers d’une usine dont les portes menaçaient de fermer ? Ou encore de « chômeurs récidivistes » les personnes ayant connu plusieurs périodes de chômage ?

De quoi choquer

Le dédain face aux pauvres véhiculé par ces propos a de quoi choquer. Ils sont pourtant plus répandus qu’on ne pourrait le penser. Dans son dernier ouvrage Ce que les riches pensent des pauvres, le sociologue Serge Paugam révèle que la tendance à la ségrégation sociale grandit, avec une mise à distance physique, sociale des classes pauvres, jugées « dangereuses », légitimée pour partie par le « mérite ». Les privilèges financiers, sociaux, culturels seraient « mérités », car « gagnés ». Corollaire à cela, la pauvreté serait également « méritée » […]