Le processus est mondial. Des formes inédites de richesses et de pauvreté apparaissent. Ce constat nous conduit à reconsidérer la diversité des figures de la pauvreté et du même mouvement la diversité des figures de solidarité à maintenir et réinventer : politiques, éthiques, religieuses, culturelles, économiques, sociales, etc.

À la fin du XIXe siècle, les structures de protection sociale relèvent de la charité publique, du paternalisme patronal et de rares sociétés de secours mutuel. Devant l’envol du capitalisme et de ses premières conséquences pour les vies, le concept de solidarité, décliné de diverses manières, s’impose pour la pensée sociale. Nombre de pasteurs installés dans des régions ouvrières (Élie Gounelle, Tommy Fallot, Wilfred Monod, Freddy Durlemann …) mettent en place des structures d’aide aux plus démunis. Ils constatent que la charité ne suffit pas, s’engagent politiquement et s’efforcent de penser le Christianisme Social, que rejoint l’économiste Charles Gide. André Philip, Paul Ricœur et quelques autres chercheront plus tard à penser le cadre éthique, politique, théologique et philosophique de cet élargissement de l’engagement.

Aujourd’hui, la France bénéficie d’un système de protection sociale de haut niveau, mais de trop nombreuses personnes passent à travers les mailles de ce filet protecteur (par exemple en matière de logement). De son côté, l’immigration, entre autres, montre l’extrême fragilité du lien social. C’est pourquoi les solidarités privées et l’engagement politique de nos pères fondateurs sont toujours d’actualité, ainsi que les questions de critique sociale, politique et théologique qu’ils avaient […]