23.07.2023 : Mt 13.24-43 – Paraboles du royaume

Des paraboles du Royaume

Introduction

Après la parabole du semeur et son explication, Jésus poursuit dans les paraboles agricoles en racontant l’histoire d’un champ ensemencé avec des bonnes et des mauvaises graines, d’une petite semence qui donne naissance à un arbre, d’un peu de levain qui fait lever toute la pâte.

À la différence des contes qui font appel à l’univers fantasmagorique, les paraboles envoie les interlocuteurs de Jésus à leur réalité la plus quotidienne.

Avant de nous concentrer sur la parabole de la mauvaise herbe, arrêtons-nous sur les deux petites paraboles qui suivent.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

La graine de moutarde

La graine d’une plante de moutarde peut atteindre plusieurs mètres de haut dans les régions fertiles de la Palestine. La parabole joue sur l’opposition entre le petit et le grand, le plus petit devient le plus grand.

Cette parabole est à l’image du renversement des valeurs opéré par Jésus. Dans les évangiles, c’est le petit qui est le grand, c’est le serviteur qui est le maître, c’est le dernier qui est le premier.

Les auditeurs de la parabole étaient une poignée d’hommes qui écoutaient un prédicateur au bord d’un lac de Galilée.

Parmi eux combien pouvaient s’imaginer que deux mille ans plus tard, elle serait lue par des milliards d’habitants de la terre ?

Le levain

Tous les autres passages qui parlent de levain dans le Nouveau Testament le font négativement. Luc évoque le levain des pharisiens qui est l’hypocrisie (Lc 12.1) et la première épître aux Corinthiens parle du vieux levain comme d’un levain de malfaisance et de méchanceté (1 Co 5.8). Ici, le levain n’est pas mauvais, mais une image du règne des cieux.

Lorsque le levain est enfoui et disparaît dans la farine, cette dernière est entièrement transformée. La société tout entière est transformée par la présence des disciples en son sein. D’un autre côté une masse de farine au sein de laquelle ne se trouve pas un minimum de levain ne lèvera jamais.

Pistes d’actualisation

1er thème : Une image de notre monde

La parabole de la mauvaise herbe est une image de notre monde dans lequel se trouvent du bon grain et de l’ivraie. Le cœur de son message est qu’il ne nous appartient pas de purifier le monde en enlevant la mauvaise herbe, mais de le féconder en étant une bonne semence.

Cette idée renvoie à la distinction entre l’intégriste et le saint. Tous les deux sont des extrémistes, mais le premier veut obliger tout le monde à aller au ciel, alors que le saint est exigeant avec lui-même. Son combat spirituel le conduit à convertir son cœur afin de porter sur les humains et sur leurs actions le regard de Dieu qui est un regard de miséricorde.

2e thème : Les temps messianiques

Le tri entre la bonne semence et la mauvaise herbe relève du temps de la moisson qui est une image de la fin des temps.

Dans la même veine, une parole du Talmud dit que le Messie viendra dans une génération entièrement innocente ou dans une génération totalement coupable, car alors le jugement sera possible. Tant que le monde n’est ni entièrement juste ni entièrement mauvais, la mauvaise herbe est mélangée à la bonne semence et le jugement n’est pas possible.

Le propre du temps dans lequel nous sommes est qu’il est marqué l’ambiguïté et le mélange. C’est dans ce monde que nous sommes appelés à être témoins.

3e thème : Tout est parabole

Les derniers versets de notre texte disent que Jésus s’adressait aux foules en paraboles et qu’il ne disait rien sans parabole. Nous savons bien que si Jésus a beaucoup utilisé les paraboles, il lui est arrivé de parler sans parabole.

Nous pouvons entendre ce verset comme l’affirmation que toutes les paroles de l’Évangile doivent être entendues comme des paraboles, c’est-à-dire comme des histoires à interpréter.

Comme le disait un jésuite : « Gardez-vous de mépriser les histoires. C’est avec une chandelle d’un sou que l’on trouve une pièce d’or ; c’est par le biais d’une simple histoire que l’on découvre les vérités les plus profondes, car la distance la plus courte entre un humain et la vérité est une histoire. »

Une illustration : L’ambiguïté de notre spiritualité

Notre monde est mélangé et il est parfois difficile de faire le tri entre la bonne semence et la mauvaise herbe. Il arrive même que la mauvaise herbe se trouve là où on ne l’attend pas comme le relève le père de l’Église Jean Climaque : « Quand nous tirons de l’eau à la fontaine, nous ramenons parfois une grenouille sans nous en apercevoir ; de même quand nous travaillons à pratiquer les vertus, nous cherchons souvent à satisfaire des vices qui sont imperceptiblement entrelacés avec elles. Par exemple, la gourmandise se mêle à l’hospitalité, la luxure à l’amour, la ruse au discernement, la malice à la prudence, la duplicité, la paresse et la désobéissance à la douceur, le mépris de l’enseignement au silence, l’orgueil à la joie, l’indolence à l’espérance. »

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis