L’évangile du dimanche 22 décembre

Le texte de l’épître aux Hébreux du dimanche 22 décembre

22.12.2024 : Hé 10.5-10 – Contre les sacrifices 

Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande

Le contexte – L’épître aux Hébreux

L’épître aux Hébreux n’est pas la plus facile du Nouveau Testament, elle s’adresse comme son nom l’indique a un public de culture hébraïque et utilise le thème des sacrifices pour montrer que Jésus est bien le Messie attendu par Israël. Le thème principal du livre est de montrer que la mort du Christ est le sacrifice parfait qui met fin aux sacrifices puisqu’il n’a pas besoin d’être renouvelé. 

Le passage proposé à notre méditation prend le contre-pied de cette argumentation en s’appuyant sur la veine anti-sacrificielle du Premier Testament. Nous trouvons en effet quelques versets qui disent que Dieu ne veut pas des sacrifices comme le Psaume 40 cité dans notre passage. Dans cette veine, le prophète Jérémie va jusqu’à affirmer que Dieu n’a jamais ordonné les sacrifices : « Je n’ai rien dit à vos pères, je ne leur ai donné aucun ordre, le jour où je les ai fait sortir d’Égypte, au sujet des holocaustes et des sacrifices. Voici plutôt l’ordre que je leur ai donné : Écoutez-moi ! Alors je serai votre Dieu, et vous, vous serez mon peuple » (Jr 7.22-23). 

Que dit le texte ? – Du sacrifice à la loi

Le passage de l’épître aux Hébreux proposé à notre méditation prolonge cette veine anti-sacrificielle avec un extrait du Psaume 40 dans la version de la Septante : Tu n’as voulu ni sacrifice, ni offrande… je viens pour faire ta volonté. 

Pour l’auteur de l’épître, ce n’est plus dans les rites de l’Ancienne Alliance qu’on entre en relation avec le Seigneur, mais en obéissant à sa parole selon ce qui est écrit dans le Livre.

L’épître annonce le changement de catégorie religieuse qui est apporté par le christianisme, mais qui sera aussi vécu par le judaïsme avec la destruction du temple en 70 après notre ère. Quand les sacrifices ne seront plus possibles avec la disparition du bâtiment sacré, c’est autour de l’étude du Livre (La Torah, puis le Talmud) que s’organisera la relation à Dieu. 

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Élisabeth et Zacharie 

Le dépassement des catégories religieuses conceptualisé par l’épître aux Hébreux est symbolisé par la différence entre Zacharie et Élisabeth. 

Zacharie était prêtre, il représente la logique sacrificielle, mais il a été incapable d’entendre l’annonce qui lui a été faite. Élisabeth, quand Marie est venue chez, elle, a eu l’intuition que l’enfant qu’attendait la jeune fille était celui qui était attendu par Israël. 

Avec Élisabeth et avec Marie, nous devons entendre qu’avec Jésus, Dieu se donne à nous non plus à travers des rites religieux, mais à travers la justice, l’humilité et l’étude du Livre. 

Le livre de Michée du dimanche 22 décembre

Michée 5.1-5 – Le salut vient de Beth-léhem 

Le contexte – Le livre de Michée

Michée est un prophète qui a vécu dans le territoire de Juda dans la deuxième moitié du VIIIe siècle. C’est un contemporain d’Ésaïe et les livres qui leur sont attribués ont des points communs. Ils ont tous les deux été les témoins de la chute de Samarie et ont prophétisé la chute de Jérusalem, car ils voient bien que les rois de Juda connaissent les mêmes dérives que ceux d’Israël. Comme Ésaïe, Michée a ensuite prophétisé l’exil à Babylone et le retour des exilés.

Dans le passage qui précède celui qui est proposé à notre lecture, le prophète annonce la chute de Jérusalem et son exil à Babylone, mais dans la Bible le grand malheur n’est jamais le dernier mot de l’histoire. Il est toujours suivi d’un relèvement décrit ici sous les traits d’un roi qui viendra de Beth-Léhem. 

Que dit le texte ? – Un roi vainqueur

Beth-Léhem était une petite ville, la plus petite de Juda selon le premier verset, mais c’était la ville de David, lequel était aussi le plus petit des fils de Jessé, amis c’est lui qui a été choisi. 

Que Dieu passe ce qui est petit pour se manifester au monde est un thème qui traverse toute la Bible. Il a été formalisé dans le livre du Deutéronome : « Ce n’est pas parce que vous surpassez en nombre tous les peuples que le Seigneur s’est épris de vous et qu’il vous a choisis, car vous êtes le plus petit de tous les peuples. C’est parce que le Seigneur vous aime, parce qu’il a voulu garder le serment qu’il avait fait à vos pères » (Dt 7.7-8). Il souligne que le salut vient de Dieu et pas de la grandeur des humains.

Le roi attendu s’inscrit bien dans une perspective davidique puisqu’il sera vainqueur par l’épée, c’est lui qui chassera les envahisseurs (l’Assyrie et le pays de Nemrod) et qui maintiendra la sécurité dans le pays.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La visite de Marie

Le troisième évangile évoque la naissance de Jésus à partir de la rencontre entre deux femmes. Les hommes sont soit absents – on ne parle pas de Joseph – soit incrédules lorsque Zacharie a été incapable d’accueillir la parole de l’ange. 

Dans les évangiles, et particulièrement celui de Luc, les femmes ont souvent une intuition qui les conduit à reconnaître les signes de l’évangile plus que les hommes.

Non seulement l’évangile commence par la rencontre de deux femmes, mais la plus âgée, Élisabeth, reconnaît la grandeur de la plus jeune, Marie qui n’est qu’une jeune fille :Comment m’est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne me voir ? La conception de Jésus pouvait paraître douteuse, mais Élisabeth sait que l’enfant qu’attend Marie est le Seigneur. 

Ce tableau est une belle illustration du verset du livre de Michée qui dit que Beth-Léhem est la plus petite des villes de Juda mais que c’est de son sein que sortira le sauveur d’Israël. 

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Christine Pedotti, Antoine Nouis