Jean-Marie de Bourqueney, directeur de Réforme, revient sur les 10 ans du pontificat du pape François.

Une reconnaissance historique pour le pape François

« Depuis bientôt 80 ans, le journal Réforme n’avait jamais osé faire l’éloge d’un pape. Cependant, cette semaine, ils ont décidé de changer la donne en reconnaissant les efforts du pape François, qui fête ses 10 ans de pontificat. Jean-Paul II et Benoît XVI, malgré leur influence, n’avaient pas réussi à gagner la sympathie des protestants. Jean-Paul II, par exemple, et son successeur Joseph Ratzinger (Benoît XVI), ne furent pas perçus comme des papes œcuméniques, et leurs déclarations avaient souvent suscité des tensions.

Le pape François, de son vrai nom le cardinal Bergoglio, a cependant marqué une rupture avec ses prédécesseurs. Le directeur du journal Jean-Marie de Bourqueney souligne que, bien que certaines attentes restent insatisfaites, notamment sur l’hospitalité eucharistique et l’accès des femmes aux ministères, François a su exprimer des positions audacieuses sur des sujets sensibles comme les droits des homosexuels et la place des femmes dans l’Église. Réforme reconnaît qu’il y a une complexité dans la gouvernance du Vatican qui freine parfois les initiatives du pape. »

Une nouvelle dynamique œcuménique

« Le journal met en lumière le changement de ton avec le pape François, qui a insisté depuis dix ans sur le service à tout être humain. Ce nouveau style de pontificat se concentre sur un humanisme pratique, loin des grandes discussions théologiques sur la structure de l’Église. Le pape a su parler aux protestants par ses actions et ses déclarations en faveur des migrants et des personnes vulnérables. Le journal Réforme y voit un œcuménisme de service, où catholiques et protestants peuvent se retrouver sur des objectifs communs malgré leurs différences doctrinales.

L’œcuménisme ne signifie pas uniformité. Les deux Églises ont des visions légitimes et distinctes de l’Église. L’accent mis par le pape François sur le service et l’humanisme pratique résonne avec les valeurs protestantes, permettant ainsi de créer des ponts entre les deux communautés. Les initiatives du pape en faveur des migrants et sa prise de position sur divers sujets sociaux renforcent cette dynamique positive.

Le pape François : un allié inattendu des protestants

Malgré des divergences fondamentales sur la structure et la légitimité de l’Église, Jean-Marie de Bourqueney admet que le pape François est peut-être le « pape bien-aimé des protestants. » Cette reconnaissance, bien que surprenante, est le reflet d’une appréciation des efforts du pape François pour rapprocher les communautés chrétiennes par le biais de l’action sociale et de la justice.

Cette reconnaissance est exceptionnelle et souligne l’importance de dire des choses positives vis-à-vis des frères et sœurs catholiques. Cela montre une ouverture à la collaboration et à la compréhension mutuelle, des valeurs essentielles dans un monde de plus en plus fragmenté. Jean-Marie de Bourqueney appelle à continuer sur cette voie de dialogue et de coopération, espérant que les deux Églises puissent avancer ensemble sur des projets humanitaires et sociaux, en dépit de leurs différences théologiques.