Chers frères et sœurs en Christ,

J’ai longtemps espéré avoir le temps de vous visiter, mais les récents événements locaux me conduisent à repousser ce projet. C’est pourquoi cette lettre, en attendant de vous rencontrer à l’occasion de ma prochaine venue en Europe.

Ces derniers mois, mon bien-aimé pays, le fameux « Sweet Land of Liberty », ne fait plus rêver lorsque des gosses s’y voient séparés de leurs parents. Cela réveille en moi une mémoire enfouie, celle de ces enfants noirs vendus séparément de leur famille. Par ailleurs, je suis attentivement les développements de la crise migratoire à laquelle vous êtes confrontés.

Et à chaque fois, même constat, même stupeur, même incompréhension. Où sommes-nous, sur quel terrain agissons-nous puisque l’Évangile qui nous tient tant à cœur n’a pas l’air de concerner ces situations ? Que se passe-t-il en notre for intérieur ? Jusqu’à quand resterons-nous voyeurs de l’injustice au lieu d’en être les témoins ? Je vous l’avoue, j’ai mal à l’Église, tout comme dans les années 1960 où 11 h le dimanche m’apparaissait, sous un vernis religieux, comme l’heure la plus raciste de mon pays. […]