En France, près d’un million de personnes souffrent de TCA (troubles du comportement alimentaire) selon les données de la Fédération française d’anorexie et de boulimie (FFAB), issues d’une synthèse des études internationales. À l’occasion de la Journée mondiale des TCA, les professionnels de santé témoignent auprès du Monde de la nécessité de dépister plus tôt ces comportements.

Pierre Déchelotte, chef du service nutrition du CHU de Rouen, a ainsi mené une étude auprès de 8 900 étudiants, publiée en février 2022, pour montrer la prévalence de ces TCA. Entre 2009 et 2021, l’étude constate un doublement des cas recensés.

Les effets de la pandémie de Covid, et des confinements successifs, ont pu jouer sur la santé mentale des jeunes. Nathalie Godart, présidente de la FFAB et pédopsychiatre, indique au Monde : « Cliniquement, on est toujours dans le haut de la vague. Ça ne semble pas se stabiliser. »

Des troubles alimentaires méconnus

Parmi les TCA, différentes formes de maladie existent : l’anorexie mentale, la boulimie, l’hyperphagie boulimique… On peut d’abord observer des conduites allant vers la restriction de certains aliments, qui peuvent mener à l’aphagie (impossibilité d’avaler), ou l’émétophobie (peur de vomir) et la phagophobie (peur de s’étouffer en mangeant).

Les TCA sont méconnues et peu détectées. Le thème de la Journée mondiale des TCA est « Libérons la parole », pour sensibiliser l’entourage des malades. Il existe des aides et des traitements spécialisés pour ces troubles, mais la FFAB explique qu’ils ne sont pas souvent repérés ni pris en charge par les services de santé. La saturation des hôpitaux, et les inégalités de répartition sur le territoire, peuvent empêcher une bonne prise en charge.

Identifier les signes

Surtout, il faut impérativement sensibiliser les familles aux premiers signes de TCA. Le site Parents.fr explique, dans le cas de l’anorexie mentale, qu’il faut être attentif face à une perte de poids rapide de l’enfant (environ 10% de son poids).

Une personne qui se plaint de douleurs abdominales fréquentes, qui boit moins d’eau et n’a pas de comportement purgatif (le fait de provoquer des vomissements) peut être concernée. De même, la très grande préoccupation d’un enfant pour son alimentation, son poids ou un changement d’habitudes alimentaires et des excuses pour éviter les repas en famille peuvent être des signes inquiétants.

En mars 2023, l’Americain psychiatric association a publié pour la première fois depuis 16 ans une actualisation de ses recommandations pour la prise en charge des troubles alimentaires. Dans les évaluations psychiatriques, elle recommande notamment d’effectuer un historique du poids et de la taille du patient, et d’explorer les antécédents familiaux en matière d’alimentation, en cas de doute.