Mais comment comprendre cette solidarité quai-mondiale au sein du monde musulman ? Interview.

La riposte israélienne à l’offensive menée par le Hamas a généré le soulèvement d’une grande partie du monde musulman, de Bagdad à Téhéran en passant par les capitales européennes. Comment ne pas craindre un embrasement des relations entre Orient et Occident, alors que la solidarité des musulmans à l’endroit du peuple palestinien se fait puissamment entendre, entre manifestations de soutien pacifiques et actes de terrorisme ? Eléments de réponse avec Gilbert Achcar, professeur à l’Ecole des études orientales et africaines (SOAS) de l’Université de Londres, spécialiste du monde arabe contemporain et auteur de différents ouvrages sur le sujet, dont «Le choc des barbaries. Terrorismes et désordre mondial» (2002) .

Comment faut-il comprendre les réactions de solidarité du monde musulman après l’attaque du Hamas ?

Ces réactions mettent à jour le clivage Nord-Sud qui existe dans la perception du conflit au Proche-Orient. Certes, l’attaque menée par le Hamas a été particulièrement violente, mais on a eu les mêmes réactions par rapport au 11 septembre. Après ce choc absolument monumental, le monde occidental s’est identifié aux États-Unis, comme c’est aujourd’hui le cas avec Israël. Or, dans les pays du Sud mondial, beaucoup de personnes s’étaient réjouies du fait que, pour une fois, les États-Unis s’en étaient «pris plein la gueule».

C’est aujourd’hui le ressenti, dans les pays musulmans, face à Israël ?

Il y a, au sein du monde musulman, un grand écart entre les gouvernements arabes qui établissent des rapports avec l’État d’Israël et l’opinion publique, qui prend fait et cause pour les Palestiniens. Celle-ci considère, à juste titre sur le plan historique, qu’en Palestine, les victimes ne sont pas les juifs, mais bien les Palestiniens. Dans le monde de culture européenne, on a tendance à voir les juifs comme victimes à cause de l’horreur historique incomparable qu’a été la Shoah. Et à projeter cette même grille de lecture sur les évènements en […]