Jeune, élégant, disposant d’une autorité naturelle, capable de s’exprimer de façon claire aussi bien qu’élégante, le moins que l’on puisse dire Gabriel Attal possède un certain nombre de qualités. Notons au passage, pour nous en réjouir, que l’homosexualité assumée du Premier ministre n’est plus un sujet, preuve que les mœurs ont évolué depuis vingt ans.
Mais l’équation politique demeure : le Président de la République et son Premier ministre n’auront pas plus de majorité demain matin que la semaine dernière.
Trop bref passage à l’Education nationale ?
De surcroît, le personnel de l’Education Nationale et les parents d’élèves – les uns et les autres ne partageant peut-être pas les mêmes attentes – à bon droit, pourront s’offusquer d’une telle nomination : alors même qu’il avait lancé un vaste chantier de réformes ambitieuses, le ministre quitte le navire après seulement quelques mois passés rue de Grenelle. On pourrait certes imaginer que Gabriel Attal cumule deux fonctions, mais on doute qu’Emmanuel Macron lui laisse pareille opportunité. Lorsqu’en 1983 François Mitterrand proposa à Jacques Delors de devenir Premier ministre, celui-ci réclama le droit d’être à la fois le chef du gouvernement et le ministre des Finances ; aussitôt, le Président se raidit et déclara : « vous voulez donc être maire du Palais » – référence à Pépin le Bref qui renversa le dernier roi mérovingien.
Le Président de la République devra probablement désigner un nouveau ministre de l’Education, remplacer celles et ceux qui , ces derniers mois, se sont montrés malhabiles ou déloyaux. Mais ce ne sera pas simple, tant il est vrai que le navire gouvernemental, dans les prochains mois, devra faire face à de gros grains. Voici quelques mois, l’un de nos plus éminents politologues, amateur de football nous a dit, voici quelques mois : « Le problème de Macron, c’est la faiblesse de son banc de touche. » Quelques jours après la mort de Franz Beckenbauer, une telle affirmation paraît plus vraie que jamais.