L’enfant a des besoins communs et universels, dits fondamentaux ; leur satisfaction détermine la construction de sa personnalité, son développe ment physique, affectif, intellectuel ainsi que son accès à l’autonomie et la socialisation. Un consensus d’experts considère que la satisfaction du besoin de sécurité physique et affective conditionne celle de tous les autres besoins nécessaires au développement de l’enfant. Ils parlent de « méta-besoin ».

La famille, un rôle majeur

Le besoin de sécurité a trois dimensions : les besoins physiologiques et de santé pour maintenir son corps en vie et en santé, le besoin de protection à l’égard de toute forme de violence ou de danger, et le besoin affectif et relationnel. Le milieu familial est la première et principale source de sensations et d’expériences vécues par l’enfant. La qualité des interactions avec les parents ou les adultes qui prennent soin de lui (care givers) est primordiale pour établir un fort lien d’attachement. Ce lien donnera à l’enfant une sécurité intérieure indispensable pour découvrir son environnement. L’enfant a besoin d’instaurer des relations affectives stables et chaleureuses avec des parents sensibles et attentionnés, capables d’interpréter les signaux qu’il émet.

Carl Lacharité (2) résume en disant que le parent approprié est cohérent, prévisible, stable et chaleureux. Pour ce spécialiste de la négligence envers les enfants, la sécurité de la conjugalité dans la dynamique familiale est un facteur important.

Le milieu éducatif, des expériences diversifiées

En grandissant, l’enfant connaît des expériences en milieu éducatif (service de garde éducatif et milieu préscolaire) et dans sa communauté (voisinage, ville, territoire).

Ses besoins évoluent : besoin d’expérimenter et d’explorer le monde en vivant des expériences stimulantes et diversifiées ; besoin d’un cadre, de règles et de limites : la qualité, la stabilité et la continuité de ses milieux de vie sont des facteurs de protection, de développement d’un comportement adapté et de relations sociales positives ; besoin d’identité : savoir qui il est, connaître sa filiation, qui il peut devenir, lui permet d’accéder à un statut d’adulte autonome ; besoin d’estime de soi et de valorisation de soi : l’enfant doit éprouver qu’il est inconditionnellement accepté et estimé, avec ses difficultés et ses points forts, digne d’être aimé, aidé et soutenu, pour être capable d’affronter les échecs et l’adversité. Le stress vécu par les parents, le manque de soutien, leur santé mentale et les symptômes dépressifs ainsi que les conditions de vie difficiles comme la pauvreté et l’isolement augmentent le risque de situations de maltraitance au sein des familles.

Les professionnels de la protection de l’enfance accompagnent les familles en difficulté. Les enfants à protéger ont besoin de réparer leurs blessures développementales dans une démarche de résilience. Parfois la séparation avec les parents est nécessaire. En France, près de trois cent mille enfants, soit 2,01% des moins de dix-huit ans, sont confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et accueillis dans des familles ou des maisons d’enfants à caractère social (MECS).

Anne Panis, médecin à l’Aide sociale à l’enfance

1 Dr Marie-Paule Martin-Blanchais, Démarche de consensus sur les besoins fondamentaux de l’enfant en protection de l’enfance, ministère des Solidarités et des Familles (solidarites.gouv.fr).

2 Carl Lacharité, Louise Éthier, Pierre Nolin, « Vers une théorie écosystémique de la négligence envers les enfants », Bulletin de psychologie 59(4), 2006, p. 381-394.