Donald Trump a le droit de penser que de diminuer les impôts permettait de dynamiser l’économie, qu’il faut empêcher les étrangers d’entrer dans son pays et qu’il faut être plus ferme avec la Chine. Ces positions peuvent se discuter, mais elles ont le droit de s’exprimer. Le problème de Trump est qu’il a élevé l’insulte, l’alter-vérité et le mépris de ses adversaires à un niveau jamais atteint.
Le philosophe Vladimir Jankélévitch écrivait dans son Traité des vertus, que la démocratie n’était la recherche du consensus, mais l’art de gérer les désaccords de manière civilisée. J’ai regardé une partie du débat Trump-Biden sur Internet, et c’était tout sauf un débat qui essayait de proposer une politique et d’élucider les désaccords, c’était un débat de cour de récréation à coup d’insultes et d’affirmations péremptoires. Une campagne électorale est faite pour confronter des programmes, pas pour faire croire qu’on a la plus grosse… Le président sortant ne s’adressait pas à l’intelligence des électeurs, mais à leurs tripes.
L’inquiétant dans ce qui se passe aux États-Unis, ce n’est pas que Trump existe – nous savons que les hommes arrogants et vulgaires existent – c’est qu’il ait été élu président de la République et qu’il soit encore soutenu par de nombreux Américains. Le Brésil, la Hongrie, la Russie et la Turquie ont des présidents élus qui jouent dans le même registre. S’il y a quinze ans on pouvait observer que la démocratie gagnait du terrain dans le monde ; de nos jours, elle est plutôt en régression si nous suivons la définition qu’en donnait Jankélévitch.
Je me souviens d’un chroniqueur politique qui disait : « sans faire du çavapétisme, ça va péter. » Que va-t-il se passer lorsque les résultats de ces démagogues ne seront pas à la hauteur de leurs promesses ? Mon sentiment à la sortie du débat Trump-Biden est celui d’une peur pour la démocratie. Trump a déjà annoncé qu’il contesterait les votes par correspondance.