Les manifestations consécutives à la mort de George Floyd rappellent certains épisodes que nous avons connu l’année dernière avec la crise des gilets jaunes qui s’est nourrie d’un même cocktail de désespoir et de violence. L’analogie nous conduit à faire trois remarques.
Dans les deux cas, les manifestations sont le témoignage d’une société fracturée, où toute une partie de la population se sent exclue. Ce qui fait une nation, c’est le sentiment d’appartenir à la même histoire selon la fameuse phrase de Kennedy : « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. » Les révoltes sont le symptôme qu’une partie de la population ne se sent plus appartenir à la même histoire que le reste du pays. Lorsque les frustrations et les humiliations s’accumulent, il ne reste que la révolte à l’état pur, une révolte peu pensée, peu organisée, peu canalisée. Selon sa culture, chaque pays a un taux d’inégalité qui est supportable – plus bas en France qu’aux États-Unis – et la limite a été largement dépassée dans ces deux pays par l’évolution de ces dernières décennies.
Dans les deux cas, la révolte génère des violences urbaines auxquelles répondent des violences policières. Comme souvent la violence décrédibilise le mouvement aux yeux de la majorité de la population. D’un point de vue biblique, il faut rappeler que le Christ a toujours prôné la non-violence et que la violence est injustifiable au regard de l’Évangile. D’un autre côté, le principal théoricien de la non-violence au XXe siècle, Gandhi, a dit : « Je crois en vérité que s’il fallait absolument faire un choix entre la lâcheté et la violence, je conseillerais la violence. Je préfère encore voir la violence s’extérioriser que de n’être réfrénée que par la peur… Mais je crois que la non-violence est infiniment supérieure à la violence. » Devant une injustice, la violence est plus grande que l’indifférence, mais l’action non-violente est plus grande que la violence. Plusieurs mouvements comme Black Lives Matter essayent de pratiquer la non-violence face à la police – on le voit bien sur les reportages à la télévision – ils honorent le mouvement de révolte. Avec le signe du genou à terre, une partie de la police n’est pas insensible à cette attitude.
Face à une situation de crise, il y a des paroles qui apaisent et des paroles qui attisent la colère. Sans être un supporter inconditionnel du président Macron, on peut relever que l’organisation du grand débat citoyen a été une réponse plus apaisante que la menace du président Trump d’envoyer l’armée face aux citoyens de son pays !