Dans six semaines, les 27 pays membres de l’Union européenne (UE) désigneront leurs représentants au Parlement européen. Selon un sondage Ipsos, deux groupes d’extrême droite pourraient engranger un nombre de voix sans précédent. De quoi réaliser une percée inédite, explique BFMTV. Compilant des études réalisées dans 18 des pays de l’UE, l’enquête d’Ipsos projette une progression importante des groupes I&D (où siège le Rassemblement national) et CRE (où siège Reconquête). Elle pourrait respectivement être de 8 et 22 élus pour atteindre un total de 157 eurodéputés d’extrême droite.

Mathieu Gallard, directeur comptable d’Ipsos, précise au Figaro : “C’est la première fois que les deux groupes d’extrême droite réuniraient plus d’un député sur cinq, soit 22 % des sièges, alors qu’ils étaient à 18 % en 2019 et à moins de 10 % il y a vingt ans.” Une progression portée, notamment, par les intentions de vote en faveur du RN (30,7%) en France. Interrogée ce mercredi 20 mars par une auditrice de France Inter sur sa position sur l’Europe, Marine Le Pen, députée RN du Pas-de-Calais et présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, a expliqué que, dans certains domaines comme la protection civile ou la recherche, une coopération est nécessaire, contrairement à d’autres, dont le prix de l’électricité.

Recul des groupes centriste et écologiste

Mais le possible gros score à venir du RN, les 8 et 9 juin prochains, est loin d’être l’unique marge du progrès de l’extrême droite en Europe. L’AFD en Allemagne et le PVV aux Pays-Bas devraient aussi engranger de nombreuses voix. Selon l’enquête, Identité & Démocratie et ses 81 hypothétiques députés talonneraient même le groupe Renew (où siège Renaissance). Ce qui en ferait alors la troisième force politique à Bruxelles.

Quant aux mauvais résultats obtenus par Renaissance en France et Ciudadanos en Espagne, ils présagent une perte de sièges pour le groupe centriste. Il pourrait passer de 102 à 85. Le groupe écologiste serait l’autre grand perdant, en raison du recul des délégations allemandes (15 élus, –10) et françaises (7 élus, –5), alors que les scores des partis écologistes sont plus stables ailleurs en Europe.

Les grands équilibres préservés

Pour autant, de tels résultats ne bouleverseraient pas les grands équilibres politiques au sein du Parlement européen. Actuellement, le Parti populaire européen (PPE, droite) est en mesure de remporter 177 sièges (contre 178 actuellement) et les socialistes (S&D, gauche) 136 (contre 140). “Seule une ‘grande coalition’ réunissant les députés des groupes PPE, S&D et Renew disposerait d’une majorité de sièges (398 sur 720)”, souligne l’enquête.