Dans l’évangile de Jean, Jésus déclare à propos du diable : « Lui, il était homicide dès le commencement ; il ne se tenait pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il dit le mensonge, il parle de ce qui lui est propre, car il est à la fois le menteur et son père. » Le diabolique est défini par le mensonge.
Lorsque parle de diable, elle ne parle pas d’un petit bonhomme cornu avec un trident à la main, elle parle d’une puissance maléfique. Elle nous apprend que le mal n’est pas neutre, il exerce une autorité qui séduit les humains et qui a tendance à les enfermer dans ses filets.
La singularité du trumpisme est qu’il a érigé le mensonge en élément de communication. Le mensonge assumé, revendiqué à travers le concept de post-vérité veut que la validation par les faits ne soit pas importante. La qualité première d’un argument n’est pas son exactitude, mais l’effet qu’il provoque chez ses auditeurs.
À quoi avons-nous assisté jeudi soir ? Des hommes ont cherché à occuper le capitole au nom de la défense de la démocratie, ce qui ne peut se justifier que par une perversion du raisonnement.
La particularité du mensonge est qu’il conduit au totalitarisme. Dans son discours de réception du prix Nobel, Alexandre Soljenitsyne qui s’y connaissait en matière de totalitarisme disait que le mensonge et la dictature allaient de pair, car si la vérité n’était plus un socle commun, alors tout est permis. Cela nous conduit à affirmer que la notion de post-vérité est d’essence totalitaire.
Comprenons-nous bien, le trumpisme et ces avatars en Europe ne sont pas une option politique comme une autre, ils correspondent à un changement de logiciel politique qui nous fait quitter la sphère de la démocratie républicaine. On peut penser que notre démocratie est fatiguée et qu’il faut changer de régime, mais il convient de voir ce qu’on propose comme alternative. Ce qu’on a vu du discours et du comportement de ceux qui ont envahi le Capitole jeudi ne fait pas rêver.