Le temps est venu de dire la vérité : toute l’histoire de l’humanité, depuis 7 millions d’années jusqu’à nos jours, a été celle de la lutte pour dominer la nature, domestiquer la planète, assujettir tout ce qui s’y trouve. Pourtant, alors que l’humanité affronte encore un virus qui a emporté tant de vies, le vieux monde, un temps muet, entonne une litanie idolâtre qui désespère la jeunesse et culpabilise l’humanité. Depuis une « écologie profonde », qui a la profondeur des marécages de l’histoire, au nom de la « Nature », de la « Planète », de la « Terre », une armada de petits maîtres de Vérité menace même de ses foudres quiconque proclame son attachement au progrès, à la croissance et à la joie créatrice. Virus, pollution, réchauffement seraient une punition du Ciel ou d’une Gaïa-La-Terre. Nostalgiques d’une prétendue harmonie perdue pour cause d’industrialisation et de mondialisation, ils coassent, à la façon des Greta Thunberg « Green, green green, la nature d’accord, la nature d’abord ».
Le temps est venu pour le camp du progrès de rappeler les faits, de ramener l’humanité à plus de bon sens, d’abattre ces idolâtries qui entrainent les besoins spirituels de chacun dans des engrenages morbides. L’écologie ? Oui. Mais la vraie. Celle qui dit « L’humanité, d’accord, l’humanité d’abord ». C’est pourquoi j’ai pris la décision de publier mon prochain livre, « L’ Homo creator face à une nature impitoyable », dont le sous-titre est « 7 millions d’années contre l’idolâtrie de la nature »,
Par ce livre, je veux raconter de façon brève mais vraie la plus fabuleuse des batailles, celle qui s’est engagée il y a 7 millions d’années, au cœur de cette nature non domestiquée. Celle qui dure aujourd’hui encore. Une bataille grandiose et terrifiante.
Je veux montrer à cette jeunesse qui devrait porter l’avenir de l’humanité et non le maudire, comment, depuis son apparition, il y a 7 millions d’années, l’humanité a dû affronter les holocaustes d’une nature impitoyable. Le combat fut si violent et si inégal qu’au paléolithique, il y a 3,3 millions d’années, il ne reste déjà plus rien de la lignée humaine des hominines, née 4 millions d’années auparavant, hormis une poignée de survivants. À peine une centaine de milliers d’individus. Oui, 100 000 survivants seulement, après 4 millions d’années ! Des australopithèques pour la plupart. Les autres ? La sainte Planète qui ne pouvait être assujettie faute de progrès, les avait détruits.
Ensuite ? L’équilibre naturel est tout autant chimérique. Des glaciations en nombre, 17 lors des seuls 2,6 derniers millions d’années, et autant de réchauffements inconnus de nos idolâtres actuels, des éruptions volcaniques, secousses sismiques, tempêtes, cyclones, tornades, tsunamis… Des virus et bactéries, tout aussi naturels, vieux de plusieurs dizaines de millions d’années, de la coqueluche à la tuberculose, de la lèpre à la syphilis. Des cancers de toutes sortes, des os au cerveau, des maladies génétiques et des handicaps, des attaques animales…Car tout cela existait bien avant l’industrialisation contrairement aux fadaises rapportées par les idolâtres.
Résultat de cette vie dans la nature ? Des australopithèques, il ne reste rien, balayés par la planète. Auprès d’eux et après eux ? Vivent des espèces humaines du genre Paranthropes et Homo. Les fameux Paranthropes ? Trois espèces : toutes détruites. Quant au genre Homo ? Sur 22 espèces, 21 sont exterminées. Oui, une seule a survécu. La fameuse Gaïa-la-Terre bienveillante a éliminé les 21 autres de la carte planétaire. Et à quel prix ! 500 000 humains seulement sont parvenus au néolithique, il y a 12 000 ans Un gain de 400 000 individus en 3,3 millions d’années ! Et l’espèce est si meurtrie que seuls 12% peuvent espérer, et dans quel état ! dépasser 40 ans.
Pourquoi y-a-t-il encore de l’humain plutôt que rien sur cette planète qui fut si longtemps inhospitalière faute d’être domestiquée ? Telle est la question à laquelle je suis contraint de répondre dès aujourd’hui par ce livre. La seule question qui vaille puisque rien ne vaut sans l’humain. D’autant que cette clef d’hier est aussi celle des lendemains qui chantent la fin des holocaustes humains.
Le temps est venu de dire que la créativité humaine pour l’asservissement total de la planète fut la raison de la survie et qu’elle le reste. La créativité et non le prêche païen d’un prétendu « équilibre » avec la nature que nul n’a jamais rencontré, pas même les animaux dont les espèces ont disparu à 90% depuis 7 millions d’années, à 99,9% depuis 20 millions d’années. Coupables les humains qui n’existaient pas même encore ? Il est d’ailleurs toujours amusant de voir les idolâtres s’extasier devant des animaux sauvages qui démontrent une cruauté inouïe et tenter de culpabiliser des humains qui sont en passe, par les biotechnologies, d’abolir la souffrance animale jusqu’à produire de la nourriture synthétique au lieu de tuer des animaux d’élevage.
Pas un acte de ces nomades, cueilleurs, pêcheurs, chasseurs, charognards, pas même l’anthropophagie et le sacrifice, qui ne porte la marque de cette créativité face à la violence de la nature non dominée. Outils perfectibles, chasse et pêche avec des armes, habitats avec des bois arrachés des arbres, des os et des peaux prélevés des animaux… des migrations aux modes d’alimentation, des arts pariétaux et rupestres aux rituels, des sacrifices même à l’anthropophagie dont les guerres sont une forme… les humains créent, jusqu’aux esprits qu’ils imaginent régner sur terre. Ils sont Homo creator. C’était cela ou mourir dans le « green, green, green » des marécages.
Cette créativité formidable a permis de survivre malgré un corps humain sans fourrure, sans griffes, sans vitesse, sans ailes, sans carapace, sans habitat naturel… « sans » tellement de ces moyens qui permettent aux espèces animales de vivre en suivant leur instinct et leur capital biologique.
Le temps est venu de révéler que ce fut en même temps un combat sanglant de la créativité contre la pensée magico-religieuse qui idolâtrait les esprits de la nature jusqu’à justifier non seulement que soit arrêtée la domestication de la planète mais aussi, parfois, que soient organisés anthropophagies et sacrifices humains. Cette même vision sacrificielle du genre humain qui est aujourd’hui transportée par les idolâtres écologistes de nos Cités.
Qu’ils cessent donc ces idolâtres de vendre aux plus généreux mais aussi naïfs d’entre nous la prétendue harmonie de la vie dans la nature, jusqu’à fantasmer sur le mode de vie des dernières populations nomades ! Les nomades ont toujours eu plus de bon sens qu’on ne le croit mais, hélas, aussi, moins de sagesse spirituelle qu’il ne leur en faudrait pour sortir des ornières où ils sont. Je me souviens de mon second voyage auprès des indiens Yanomami du Haut Orénoque, au Venezuela, ces « fils de la lune », au cours de laquelle j’ai rencontré un Belge, qui se reconnaitra, et un groupe d’Australiens enthousiastes devant leur vie si proche de la nature. Bourrés d’antibiotiques, couverts de répulsif anti-moustiques, vêtus de tenue quasi-militaire, ils jacassaient tant et tant devant la maison commune que je m’amusais en me disant qu’ils avaient bien de la chance car ces nomades pratiquaient seulement l’anthropophagie avec les leurs, sinon, à mon avis, ils auraient pu être dégustés.
Dans leur monde animiste, qui ne diffère pas qualitativement de celui de nos ancêtres du paléolithique, les nomades n’imaginent pas une déesse « Gaïa-La-Planète » bienfaisante mais des esprits nombreux, bienveillants et, surtout, malveillants. Comment pourraient-ils d’ailleurs ignorer les maux qui les assaillent dus à la nature, des inondations aux éruptions volcaniques, des maladies aux attaques animales ? Comment pourraient-ils ne pas connaître faim et soif, froid et chaleur ? Et, quelle que soit ces populations, je montre que les tribus partent à l’assaut de la planète, car il le faut bien pour survivre, par leur chasse, leur pèche, leur cueillette… en jouant les esprits bons contre les esprits mauvais, en flattant les uns, en exorcisant les autres.
Mais, à cause de leur idolâtrie, ils culpabilisent de cet assaut pourtant nécessaire pour survivre, comme les écologistes archaïques voudraient que nous le fassions. Non seulement, ils s’imaginent responsables des dérèglements incessants de la planète, de la maladie virale comme de l’inondation, mais ils croient que chacune de leur action est la source d’un déséquilibre. Un pécheur se noie dans l’Amazone ? Ils y voient la preuve du mauvais comportement de la tribu punie par l’esprit vengeur du fleuve qui est aussi l’esprit du terrible anaconda. Ils tuent un léopard pour se nourrir ou ils arrachent une feuille du palmier pour construire une hutte ? L’esprit du léopard et celui du palmier réclament une contrepartie.
Ils imaginent qu’il leur faut compenser toute action humaine en rendant aux esprits de la nature l’équivalent de l’esprit pris par la chasse, la pèche, la cueillette, le charognage… Un troc quotidien. Prières, offrandes, danses, chants… et parfois sacrifices animaux et humains.
Et, pour ne pas périr, ils font des promesses, via leurs chamanes, celles de ne pas tuer tel esprit animal, de ne pas prendre tel végétal, d’en prendre moins, quitte à laisser mourir des humains.
Car le sacrifice humain est toujours à l’horizon, puisqu’il apparaît comme le principal trublion sur terre comme le claironnent nos idolâtres actuels. Sacrifice toujours présent à travers le sacrifice du bien-être humain au nom du bien-être des esprits de la nature. Mais aussi sacrifice réel, à la façon des Guayakis qui vont jusqu’à tuer des fillettes « en trop », qui exigeraient, si elles vivaient plus longtemps, une chasse, une pèche ou une cueillette plus intensive pour les nourrir, donc plus d’esprits pris à la nature.
Mais, à peine les rituels et les sacrifices effectués, la faim revient, la mortalité infantile, les violences de la terre, les glaciations, les réchauffements, les attaques animales… Ce qui réclame à nouveau de se faire pardonner de souffrir des atteintes de soi par la planète et de devoir repartir à son assaut pour survivre.
Cette vision magico-religieuse idolâtre depuis des millions d’années conduit ainsi de la détestation de soi à la schizophrénie : d’un côté, la condition humaine exige de continuer à agir pour survivre, de l’autre, la nature exige des sacrifices contre ces actions. D’un côté, il faut lutter contre les mauvais esprits de la nature, de l’autre adorer tous les esprits, même ceux qui détruisent la vie. Une absence de responsabilité totale, une culpabilité totale.
L’écologie idolâtre ? C’est la haine de soi de l’humanité. Alors, respecter la nature ? J’en conviens, et avec enthousiasme, si l’on évoque la nature humaine. Pour la planète ? Mon abonnement s’arrête là où commence l’intérêt de l’humanité. La nature, oui, mais humanisée.
Le temps est venu pour le camp du progrès de défendre la vraie « écologie » afin de sauver la jeunesse du dégoût d’elle-même et libérer toute l’humanité, les femmes en premier car les femmes ne seront jamais libres tant que règnera l’esprit magico-religieux du culte de la nature.
L’écologie véritable n’est pas issue d’un pseudo « contrat » avec la planète qu’un Arne Næss, un Michel Serres, un Nicolas Hulot et quelques autres inquisiteurs aux petits pieds prétendent avoir trouvé dans des abris sous roche. « Éco-logie » vient de « oikos » (οἶκος) qui signifie « maison » en grec, et non « planète » ou « nature », n’en déplaise à ceux qui ont eu, avec sept millions d’années d’histoire, sinon avec la langue grecque, le plaisir de ne s’être jamais rencontrés.
La « maison » est, depuis le paléolithique non pas une autoproduction de la planète mais une construction produite par la créativité humaine à partir de bois, de pierres, de peaux, d’os… arrachés à la planète. Son objectif ? Protéger l’humanité contre la nature, des changements climatiques aux attaques animales. Au centre de la maison, non pas des mottes de terre ni quelques tarentules, mais l’humain, en particulier la femme car, avec le chamane, elle a transporté depuis plus de trois millions d’années la spiritualité créatrice des tribus.
La vraie écologie défend la créativité et les innovations pour l’humanisation de la planète. Humanisation par sa domestication et l’extirpation de l’énergie inépuisable qui s’y trouve sur le chemin ouvert par les nouvelles technologies, les nanotechnologies en particulier.
Elle la défend contre ceux qui, au sein de l’humanité même, détournent la créativité vers son contraire, la destruction. Destruction par les pollutions et les substances néfastes à la vie, les guerres injustes et les tyrannies.
Elle la défend contre ceux qui polluent la pensée au nom de la pollution et préfèrent la défaite de l’humanité à la planète défaite.
Je ne suis ici que l’héritier de tous ceux qui ont posé leur pierre pour que chacun devienne un jour apprenti, compagnon puis constructeur de sa propre cathédrale. J’y défends le camp du progrès qui passe par la domination de la nature et la construction de relations interhumaines efficaces qui libèrent la créativité. J’y expose une vérité qui ne heurte aucune croyance, à la condition qu’elle tienne pour illusoire tout dieu fouettard, pour absurde tout déterminisme global, pour illusoire toute idole et chante, à sa façon, l’air de l’Homo creator, celui qui rit de se voir si beau dans le miroir de ses œuvres.
Coloniser, dominer, assujettir ? N’est-ce pas ce que rapportent nombre de grandes spiritualités, au premier rang desquelles celles qui se réclament de la Bible et savent encore la lire ? Quand l’humanité parviendra-t-elle à comprendre le grand message d’amour qu’elle se doit à elle-même ? Et, pour cela, la nécessité de briser les idoles qui l’empêchent de poser son être dans l’Être ?
Si je vais publier ce premier volume, le courage n’y est pour rien. Au-delà du tintamarre des vendeurs de grigris je n’ai aucun doute sur ce qui sera. Les idolâtres de la terre et les ennemis du progrès auront disparu dans peu de temps, leurs marécages asséchés, leurs autels désertés.
L’Homo creator est venu, il a vu, il a déjà vaincu. Seuls les idolâtres et l’humanité mal éclairée ne le savent pas. Avec les Temps contemporains, nous entrons dans une nouvelle ère nomade, celle de la fin des sacrifices et des cannibalismes symboliques dont les guerres ont été l’expression la plus sanglante depuis des millions d’années. Intelligence artificielle, nanotechnologies, biotechnologies, réseaux sociaux, big data, art contemporain, extinction des États, démocratie horizontale, conquête spatiale… l’explosion de la créativité est partout, sur le chemin tracé par nos ancêtres nomades. Débarrassées du fatras magico-religieux, les valeurs sont mises à l’endroit : les idoles au grenier, l’individu et son énergie créatrice au centre.
Une énergie propre à tous les humains et non à une poignée contrairement aux fantasmes de Friedrich Nietzsche car l’histoire de nos ancêtres qui tentaient de survivre au sein de la nature le démontre : la créativité victorieuse venue d’Afrique de l’Est ne connaît ni genre, ni âge, ni origine, ni couleurs de peau seulement les visages de ces artistes qui ne se reconnaissent pas encore dans leurs œuvres, appelés « humains ».
J’espère qu’après ce livre, comprenant que philosopher n’est pas « vivre volontairement sur la glace et les cimes », comme le disait un Nietzsche emporté par la tristesse, mais gambader joyeusement dans les mille vallées de la créativité humaine, chacun découvrant une œuvre aussi modeste soit-elle, fut-elle celle d’un enfant, sur un mur ou un sol, au musée ou sur un site, dans un laboratoire ou chez le pâtissier du coin, s’écriera, admiratif, en songeant à la grande leçon de nos ancêtres et en ayant une pensée affectueuse pour cette période de l’enfance de l’humanité, sinon pour Dieu, s’il y croit : « Voici l’Humain ! ». Ou, s’il parle latin, fort peut-être de son traducteur électronique : « Ecce Homo