Pour la République, les enfants dont elle assure l’enseignement sont tous pareils, nous répète-t-on à la suite de l’enquête d’un maire qui a tenté une répartition religieuse des écoliers de sa ville en fonction de leur prénom. Que ce maire ait de mauvaises intentions, c’est fort possible ; je n’en sais rien, mais je comprends que sa démarche puisse inquiéter et je n’entends nullement le défendre.
Mais il me semble qu’on lui oppose un argument contestable et dangereux. Il y a entre les citoyens d’un même pays des différences d’origine, de culture et de religion ; il ne me paraît pas anormal de s’en enquérir et d’en tenir compte. Quand on m’a jadis demandé à l’école, puis au service militaire de déclarer ma religion (au temps de ma jeunesse personne n’y trouvait à redire), je n’en ai pas été dérangé et n’y ai pas vu une atteinte aux valeurs de la République.
La République ne dit pas que nous sommes tous pareils (ce serait un totalitarisme déshumanisant). Elle reconnaît à chacun la possibilité d’avoir une personnalité, une identité et des options propres et donc de se différencier, y compris ouvertement et publiquement. Par contre, elle exige – et c’est à son honneur – que ces différences ne soient pas pénalisantes et que tous soient traités de la même manière, selon les mêmes lois et les mêmes règles. L’égalité n’est pas la négation, l’ignorance ou le refus des différences, elle est la volonté de […]