J’ai assisté, tout récemment, à une conférence de Henri Masson, président de la Cimade autour des questions que pose la Loi Asile et immigration. À l’issue de cette conférence, des questions ont été posées et j’ai entendu, dans la salle, une personne s’exprimer ainsi « Ah non pas de question politique, on n’est pas là pour ça ». C’est une réflexion que j’ai entendue quelquefois dans les Fraternités de la Mission Populaire et qui m’interpelle toujours. Il me semble que, tout au long de son histoire, la Mission Populaire a mené des combats éminemment politiques. Bien entendu, on ne parle pas là de « politique politicienne » avec ses stratégies, ses fausses déclarations et ses hypocrisies. Il s’agit de la politique au sens étymologique du terme « Politikos / citoyen », il s’agit de s’occuper des affaires de la cité, de notre cité, celle dans laquelle nous vivons.

Mener les combats dans le temps qui est le nôtre

Il ne s’agit pas non plus de haranguer les foules, d’insulter ou de critiquer à tout va des personnes dont on ne partagerait pas les convictions. Il s’agit plutôt de mener les combats qui sont à mener dans le temps qui est le nôtre. Par le passé, des pasteurs, des hommes et des femmes de la Mission Populaire ont mené ces combats pour défendre les injustices vécues par leurs frères et sœurs : le pasteur Mac All au côté des ouvriers de Belleville, Jean Jousselin au côté des juifs persécutés durant la Seconde Guerre Mondiale, Henri Roser condamné à 4 ans de prison pour avoir refusé de porter les armes, et bien d’autres encore.* Serions-nous aujourd’hui plus frileux, plus conformistes ? Vivons-nous dans une société idéale où plus aucun combat n’est à mener ? Fréquentons-nous, dans les fraternités de la Mission Populaire des personnes épanouies dont les droits sont respectés ? Des personnes qui ont toutes de quoi manger et un toit sur leur tête ? Il y a 70 ans, l’abbé Pierre lançait son appel avec cette phrase : « Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait expulsée… » ; il y a quelques mois […]