41% des mariages se soldent aujourd’hui par un divorce, contre 15% en 1970, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS). Le mariage n’est pas pour autant discrédité ! (cf. le graphique ci-dessous.) « Une forte majorité des Suisses pense que réussir son couple est la voie la plus importante pour réussir sa vie », affirme d’emblée Eric Widmer, professeur à l’Université de Genève et spécialiste de la famille. Signe de cet engouement, le mariage est même revendiqué par les homosexuels.
Si elles ne servent plus à manifester son appartenance à la communauté chrétienne, les cérémonies civiles et religieuses du mariage permettent d’affirmer que l’on a socialement réussi en construisant un couple stable, susceptible d’avoir et d’élever des enfants. L’augmentation des divorces démontre cependant qu’il est devenu difficile de maintenir une union.
Dans les années 60, explique le sociologue, « le mariage répondait avant tout à des besoins concrets : la survie matérielle du couple et la prise en charge des enfants. Un haut niveau de satisfaction était donc plus facile à atteindre. Le sentiment de frustration et l’envie de divorcer étaient moindres. Depuis, les désirs de satisfaction sentimentale et sexuelle ont rendu le couple plus fragile. On attend de l’autre qu’il contribue à notre développement personnel, ce qui complique la relation à long terme ».
Un sacrifice problématique
Souvent, les couples officialisent leur relation lorsqu’ils décident d’avoir des enfants. Leur compagnonnage se transforme en un lien familial offrant une garantie juridique. Puis, une fois les enfants partis, les époux se retrouvent face à eux-mêmes. « On assiste à une augmentation des divorces tardifs, voire même au 3e âge, observe Eric Widmer. Les couples désirent créer une union à long terme, mais ils ne sont pas prêts à sacrifier leur développement personnel à cette union. L’idée de se sacrifier pour son mariage a perdu de sa force à partir des années 60. En même temps, on attend du couple qu’il comble toutes nos attentes, ce qui génère des frustrations ».
Ce ne sont donc ni la société de l’éphémère, ni l’abandon des projets d’union à vie, qui fragilisent les couples actuels, mais la difficulté à concilier les désirs de réalisation personnelle et les obligations qu’implique la vie familiale.
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Edition Genève du mois de Juin 2017