Étant confinée avec eux, je leur ai posé quelques petites questions[1]

Comme tout le reste dans le pays, la faculté est fermée, comment le travail s’organise-t-il ? 

Les cours sont pour beaucoup en visio, et cela se passe plutôt bien, même si le réseau n’est pas toujours à la hauteur. Ce temps de crise et de système D montre les failles du dispositif internet d’un lieu de cette envergure, bien qu’une bonne connexion soit indispensable de nos jours !

Travailler de cette manière pousse à la responsabilisation, même si cela n’est pas évident. Pour poursuivre ce semestre, il faut organiser son travail différemment, ce qui peut être compliqué quand le moral ne suit pas, parce que le confinement est pour nous, comme pour tous, une épreuve.

De plus, les études à distance sont particulières et demandent une grande discipline. Cela ne convient pas à tous, certains d’entre nous ont besoin de cours en présentiels, d’échanges avec les professeurs et les autres étudiants, qui sont bien plus aisés en face à face qu’en visio.

Enfin, l’incertitude face à la fin de ce confinement nous amène à nous interroger sur la tenue de nos examens qui doivent avoir lieu en mai. Mais les solutions adéquates seront trouvées le moment venu, si cela s’avère nécessaire.

Pour résumer, comme le monde entier aujourd’hui, on s’adapte et on s’accroche !

Et la vie spirituelle ? 

Nous nous réunissons tous les soirs à 18h[2]. Nous avons investi le grand hall d’entrée et disposé des fauteuils en cercle[3].

Nous lisons un texte biblique, nous chantons et nous prenons un temps de prière libre, pour finir avec un Notre Père[4]. Cela nous permet d’être en communion[5]avec les différents mouvements de prière qui ont été lancé depuis le début du confinement.

Nous avons commencé par le thème du repos la première semaine, qui nous semblait aider à envisager de manière plus positive la situation. Après ce thème dont nous avions bien besoin pour digérer ces troubles, et l’envie d’horizon étant pour le moment confinée, Quentin a proposé le thème de la mer pour nous faire voguer sur les flots des récits bibliques[6].

Cela nous fait beaucoup de bien de nous retrouver quotidiennement[7]et de nous soutenir les uns les autres par ces moments de communion.

Nous avons également célébré un petit culte à 5 dans le parc de l’IPT dimanche dernier[8]. Plutôt que l’habituel ballet des voitures, à nos voix, c’est le chœur des oiseaux qui s’est joint.

La veille, nous nous sommes retrouvés[9]pour tirer au sort les moments liturgiques que chacun prendrait en charge, pour ajouter une part de jeu et rompre avec la monotonie qui peut trop vite s’installer.

Comment vit-on un confinement au CUP ? 

Nous sommes loin de nos familles et le fait de vivre dans la faculté vide, alors qu’elle est très vivante d’habitude, est assez déstabilisant.

Ces couloirs vides, nous les remplissons donc nous-mêmes[10].La machine à café[11]du hall principal est devenue notre point de rdv pour des petites pauses dans notre travail respectif[12].

La vie confinée à quelques-uns nous permet de découvrir d’autres facettes les uns des autres, et des liens particuliers se tissent[13]. Ayant conscience qu’il est important pour chacun de garder des moments d’intimité, c’est donc à nous de trouver le bon dosage entre intimité nécessaire et réconfort amical(e)[14].

De plus, sous l’impulsion de notre dynamique doyen, la faculté a mis en place des temps de prières trois jours par semaine et un forum de discussion en visio tous les jeudi après-midi. Cela nous permet de rester en relation avec nos collègues étudiants, confinés dans leurs familles respectives, et de passer un moment sympa. On échange sur nos cours et cette nouvelle organisation, mais également sur les activités et les petites choses que chacun met en place pour vivre au mieux ce temps de confinement.

Actes du colloque de confinement, Mélanie CHEVRON, Quentin MILAN-LAGUERRE, Samuel GOMEZ et Karine MICHEL (éd.), 17 – 28 mars 2020, Institut Protestant de Théologie, Montpellier, p. 29 – 205.

[1]En prenant soin de ne pas leur postillonner dessus.

[2]À distance raisonnable.

[3]Fauteuils désinfectés.

[4]Sans se joindre les mains, aux vues du risque sanitaire.

[5]Sans la célébrer, selon les directives de l’EPUdF.

[6]Chacun avec sa barque personnelle, bien sûr.

[7]Sans contact physique, ndlr.

[8]Culte sans sainte cène, toujours selon les directives de l’EPUdF.

[9]En s’étant lavé les mains avant et après.

[10]De nos corps, qui, pâtissant du manque d’exercice, prennent de plus en plus d’importance, de gloire, de כבוד.

[11]Cette crise sanitaire nous permet de mettre en évidence qu’un système de paiement sans contact sur cette machine indispensable serait plus que bienvenue afin d’éviter les contacts répétés.

[12]Que nous laissons reposer 12h pour éviter la propagation des germes.

[13]Voir ci-dessus appel de note 2.

[14]En référence à l’Amicale des étudiants de l’IPT qui se réunit habituellement le mercredi, et dont nous attendons le retour dans la Gloire.