Pourquoi la fête implique-t-elle tant d’excès ?

Attention, les excès de l’un sont les passions de l’autre. La fête est un univers de transgression et de rupture avec la familiarité, une échappée belle hors de l’ordinaire. Aujourd’hui, on observe dans les grandes villes touristiques un phénomène mondial de quête de disparition de soi pendant quelques heures ou quelques jours via l’alcool, la musique et les drogues ; de dissolution des contraintes de l’identité qui existent au quotidien, où l’on n’aurait plus aucune responsabilité par rapport à son travail et ses proches. Ce phénomène traduit un malaise d’être soi et la volonté de décharger les tensions qui pèsent sur la vie ordinaire. La fête est paradoxalement un univers de transgression autorisée où l’on peut se laisser aller sans risque sur l’image de soi donnée aux autres.

Les fêtards sont-ils transgressifs à tous âges ?

Pour être dans le lâcher prise, il faut avoir une disponibilité qui est plus celle de la jeunesse que de l’entrée dans le monde du travail et des responsabilités vis-à-vis des enfants. Les personnes plus âgées vont chercher ce lâcher prise ailleurs, dans la marche notamment. À 50 ans, on fait la fête en famille, dans sa ville, de manière plus normée et plus dans l’entre soi et avec le souci de l’image, pour changer de la vie quotidienne tout en restant dans les normes amicales.

L’aspect transgressif de la fête a-t-il évolué à travers l’Histoire ?

Les carnavals du Moyen-Âge ont constitué la transgression ultime : le renversement des hiérarchies sociales, des messes dans des contextes d’érotisme et de sacrilège. Aujourd’hui, les carnavals sont devenus des univers de défilés et de mondanités. À partir de la Renaissance, la fête s’est disciplinée. Même l’univers de la liesse du carnaval de Rio au Brésil est aujourd’hui moins transgressif que les carnavals du Moyen-Âge.