L’appel de Jean-Michel Blanquer concernant la tenue correcte des filles a fait réagir au-delà du raisonnable. Je ne reprendrai pas le mot de républicain qui n’a rien à voir avec la question, mais sur le fond la demande s’entend.

Proviseure de lycée jusqu’à cet été, je demandais chaque année à mes élèves de veiller à leur tenue.  Et il m’est arrivé de reprendre une fois ou l’autre des élèves en tenue trop provocante.

La critique sur le thème de la liberté est facile, sauf qu’on peut se demander quelle liberté les jeunes ont-ils en matière de mode à part celle de faire comme le voisin… je prends la liberté beaucoup plus au sérieux et ne la vois absolument pas là.

Je préfère l’argument de l’égalité : aux unes, on demande de ne pas se voiler et on s’inquiète quand elles se couvrent totalement, ne peut-on demander aux autres le même effort qui consiste aussi à mettre momentanément de côté leurs convictions esthétiques.

Les arguments sur la tenue qu’on adapte à chaque évènement sont justes : il y a un temps pour tout, un temps pour travailler et un temps pour s‘amuser, et le temps pour travailler nécessite de se mettre en condition. Le vêtement, l’apparence, est une condition. On le voit très bien avec les élèves en formation pour la restauration ou l’accueil : dès qu’ils ont la tenue, ils prennent leur rôle au sérieux.

Il est un autre argument que j’ai peu entendu. Au début des années 2000 a surgi la mode du string qui dépassait du pantalon. Surprenant ! Dans le collège où j’étais principale, un professeur d’une quarantaine d’années m’a dit : « Si à 15 ans j’avais dû composer avec ce spectacle sous les yeux je n’aurais jamais pu travailler ! »

Le problème est aussi là : les hormones des garçons ! Bien sûr, les filles doivent se sentir en sécurité en classe et les garçons doivent gérer leurs pulsions, mais ils n’en ont pas tous les mêmes capacités.

J’ai toujours pensé qu’une vraie politique pour l’égalité garçons filles nécessitait que l’on se préoccupe et prenne plus soin des garçons qu’on ne le fait. Cette question en est une petite illustration. On s’inquiète des filles, je m’inquiète des garçons.

Il est difficile de définir la tenue provocante, alors adopter l’idée d’une tenue correcte telle que le demande les règlements intérieurs votés en conseil d’administration relève de la sagesse la plus élémentaire.

Armelle Nouis