La démocratie est une belle invention reposant sur le pari que l’intelligence collective d’un peuple lui permet de faire les meilleurs choix, ou les moins mauvais. Elle permet surtout d’éviter qu’un dirigeant se laisse griser par un sentiment de toute-puissance puisque son avenir dans son poste est conditionné à l’approbation de ceux qui l’ont élu. La fragilité de la démocratie est qu’un peuple peut être trompé par les discours démagogiques de candidats qui manipulent la vérité et flattent les instincts les plus bas de leurs électeurs.
C’est l’histoire de l’ivrogne qui cherche ses clefs sous un réverbère. Quand on lui demande si c’est là qu’il les a perdues, il répond : « Non, mais c’est là qu’il y a de la lumière. » Le populiste ne cherche pas une réponse aux questions, il cherche la réponse qui le placera sous la lumière. La semaine dernière, le philosophe Olivier Abel soulignait dans Réforme le danger pour la démocratie que pose la post-vérité, qui joue sur la confusion entre vérité de fait et vérité d’opinion. Les populistes ont toujours dénigré – ou muselé quand ils le pouvaient – les organes de presse qui essayent de maintenir cette distinction.
Cultiver la confusion
Le modèle du démagogue populiste dans la Bible est Coré, qui conteste l’autorité de Moïse et d’Aaron. Il utilise pour cela un argument démagogique : « Tous les membres de la communauté sont saints et le Seigneur est au milieu d’eux. Pourquoi vous élevez-vous au-dessus de l’assemblée du Seigneur ? » (Nb 16, 3.) Le but de Coré n’est pas d’honorer le peuple, mais de prendre la place du […]