Il y a deux ans, l’assemblée plénière des évêques de France s’ouvrait à des laïcs. Ils étaient alors 200 à avoir été conviés au lancement d’une réflexion sur l’écologie et l’encyclique Laudato si’. Depuis mercredi 3 novembre, c’est une quarantaine de personnes en situation de précarité qui assistent à la poursuite des travaux engagés autour de la thématique “clameur de la Terre, clameur des pauvres”, indique La Croix.
Les participants témoigneront du lien entre précarité et écologie. Pour ce faire, ils ont planché durant deux mois pour préparer leur intervention. Venue du Var, Gisèle entend “défendre la place des pauvres. (…) Beaucoup de précaires sont oubliés des paroissiens. Nous sommes toujours au fond de l’église, nous n’osons pas nous mettre devant. Nous sommes jugés, etc.”, décrit celle qui dénonce l’évitement “insupportable” auquel s’adonnaient certains fidèles de son ex-paroisse au moment d’échanger la paix du Christ.
Des “fiches supports”
Son changement de paroisse a été bénéfique. À Cotignac, elle a été intégrée sans problème. On lui a même proposé de jouer le rôle de Marie, lors de la veillée de Noël, et son fils a commencé le catéchisme. “Pouvoir être intégrés, c’est tout ce que nous demandons”, commente-t-elle. Pas inquiète à l’idée de s’adresser pour la première fois à des évêques à l’occasion de l’assemblée plénière, elle explique au quotidien avoir préparé ce moment. Lors de séances organisées par Le Puits, un groupe de parole né d’un partenariat entre le Secours catholique et l’union diaconale du Var dans le but de parler de la précarité en milieu rural, Gisèle a préparé des “fiches supports”. Elle y aborde différents sujets.
À Lourdes, trois thèmes seront discutés par les évêques et les fidèles : la situation de précarité, le vivre-ensemble dans la “maison commune”, ainsi que le lien entre écologie et précarité. Des sujets qui parlent aux invités de l’assemblée plénière, “fiers” d’être associés à ce rendez-vous, indique Dominique Christophe, l’accompagnateur du groupe du Puits. “Lorsqu’ils ont voté pour décider d’aller à Lourdes ou non, ils ont répondu ‘oui’ à l’unanimité”, ajoute-t-il. Pour eux, être reconnus comme fidèles à part entière est plus important encore que les questions environnementales, dont ils ont bien conscience. “Nous voulons être entendus. Les pauvres ont leur place dans l’Église”, rappelle Amélia, également du voyage. Faute de moyens suffisants, la Toulonnaise ne peut pas, par exemple, manger aussi sainement qu’elle le souhaiterait. Quant à Jean-Pierre, il vit avec 80 euros à peine par semaine. “L’écologie, j’en entends parler, mais j’oublie”, confirme-t-il au quotidien. Désireux d’“ouvrir les églises aux pauvres”, le célibataire avoue que la solitude lui “pèse beaucoup. À l’église, c’est pareil, je suis à part. Cette situation est douloureuse”.
“Les premières victimes de tous les dérèglements écologiques”
“Les personnes en situation de précarité sont les premières victimes de tous les dérèglements écologiques auxquels nous sommes confrontés”, commente Pascal Balmand, chef de projet “transition écologique et écologie intégrale” à la Conférence des évêques de France. Aussi, il lui semble essentiel de “se rappeler que les personnes en situation de précarité peuvent nous apporter des pistes pour trouver d’autres façons d’habiter le monde”.