Alors que nous entrions de plein pied dans le deuxième temps de confinement qui marquera l’année 2020, l’équipe de rédaction de Nuance s’est laissée interpeller par la vive réaction qu’a soulevée la fermeture des librairies par le gouvernement, les qualifiant de facto de « commerces non-essentiels ».

De cet événement, nous nous sommes questionnés sur la place de la lecture dans nos vies. Depuis longtemps, on nous annonce la mort du livre comme une conséquence de l’avènement de l’écran. Pourtant, il ne semble pas que la lecture recule mais peut-être son rôle change-t-il ! J’ai l’impression qu’elle perd peu à peu son rôle de vecteur de la pensée pour devenir principalement un vecteur d’informations courtes, percutantes et qui touchent à l’émotion.

Les écrits et donc la lecture ne disparaissent pas de nos vies, bien au contraire. Cependant la saturation d’informations rend attractives les lectures brèves. N’est-il pas révélateur de voir sur certains sites web de journaux le temps de lecture d’un article affiché sous le titre ? La Ligue pour la lecture de la Bible s’est également adaptée à cette nouvelle tendance en publiant en ligne une méditation « expresso »(1) qui, en quatre minutes d’attention, offre une petite méditation d’un verset biblique pour démarrer la journée. 

Que penser de cette évolution ? Je crains que le rythme effréné de nos vies nous tienne à distance des loisirs les plus créatifs vers lesquels nous pourrions nous tourner pour nous détendre. À choisir, entre l’écran et le livre, entre l’actu Facebook et l’article de fond de 10 000  signes, nous aurons tendance à favoriser ce qui assure une gratification efficace en peu de temps (et si vous ne vous reconnaissez pas là-dedans, soyez bénis et continuez). Or les livres qui auront la plus grande chance de changer nos perspectives du monde prendront plus de quelques minutes à lire. Alors arrachons à nos vies le temps qu’il faut pour ralentir ici où là, et nous poser pourquoi pas, avec un bon livre.