La parole

Tu te souviendras qu’au pays d’Égypte tu étais esclave, et que le Seigneur ton Dieu t’a fait sortir de là d’une main forte et le bras étendu ; c’est pourquoi le Seigneur ton Dieu t’a ordonné de pratiquer le jour du sabbat.

La Bible, livre du Deutéronome chapitre 5, verset 15.

Chemin de réflexion

Se souvenir pour rester libre

Enfin les vacances ! Un moment pour faire un break total ! Oublier ce que nous avons traversé ces derniers mois ; retrouver la liberté sans les contraintes qui nous ont tant impactés. Revenir au temps où tout cela n’avait pas même existé ! Le passage des contraintes à la liberté, le peuple d’Israël l’a vécu en sortant d’Égypte. Il doit toujours se le rappeler… chaque samedi ! Pourquoi est-ce si nécessaire ? Se souvenir pour ne pas se croire arrivé ; ne pas penser que le confort et la liberté sont la « normalité ». Se souvenir pour ne pas devenir orgueilleux du bonheur retrouvé ; ne pas se croire l’auteur de ce bonheur : c’est Dieu qui libère. Se souvenir pour conjurer le sort d’un retour possible de cette triste expérience. Éviter de prendre la grosse tête, de vivre dans une insouciance écervelée. Et nous ? Ne devons-nous pas faire mémoire de ce que nous avons vécu pour ne pas plonger dans une insouciance menant à une liberté débridée ? Faire mémoire pour fonder notre liberté dans la prévision, l’anticipation, l’analyse responsable qui lui permettent de durer ? Se souvenir pour vivre dans l’humilité ? « Souviens-toi du confinement, pour que tu sois libre de ne pas le revivre demain ! »

Pascal Hubscher, pasteur

 

Pour une vie plus intense, se souvenir

Pandémie, couvre-feu, gestes barrière… voilà des mots que nous voudrions tous oublier ! En ce début d’été, les annonceurs publicitaires surfent sur notre envie de tourner la page : « Oubliez le Covid, prenez des vacances de rêve ! » Oui, ce serait si bon de biffer d’un trait de plume les moments éprouvants que nous avons vécus, voire de faire comme si cela n’avait jamais existé… Nous ne pouvons pas vraiment oublier, et quand bien même ce serait possible, sommes-nous sûrs que jeter un voile d’oubli sur le passé nous rendrait libres ? Souvenons-nous que « nous avons été esclaves en Égypte », dit le texte biblique, et nous nous souviendrons en même temps que « nous avons été libérés ». C’est là, dans cet acte de remémoration, que la liberté prendra tout son goût ! Cet été, le repos et les retrouvailles avec nos amis seront d’autant plus intenses que nous nous souviendrons combien ils nous ont manqué ! Selon l’écrivain Gabriel Garcia Marquez, « la vie n’est pas ce que l’on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s’en souvient. »

Christine Renouard, pasteure, Église protestante unie de France

 

Une mémoire humaine sélective

Tous les professionnels qui travaillent en EHPAD sont quotidiennement confrontés à la notion d’oubli de la part des résidents qu’ils accompagnent. La mémoire humaine étant sélective, elle a tendance à prioriser les évènements agréables de notre passé. Pour autant, lorsque nous prenons le temps de discuter avec nos anciens, nombre d’entre eux se remémorent combien les évènements difficiles ou tragiques de leur passé leur ont permis de continuer à avancer. Dans les échanges que nous avons avec eux, revient souvent la nécessité de se rappeler les erreurs du passé afin de ne pas les reproduire, même si certains souhaitent oublier les épisodes douloureux de leur vie. Pour cette génération, le lien est très souvent fait avec la Seconde Guerre mondiale, et la nécessité pour nous de ne pas oublier et donc de l’importance des commémorations. Lors d’un groupe d’échange entre résidents sur le thème de l’oubli, l’un d’eux a dit : « Pour vivre heureux, il faut pouvoir oublier nos malheurs, mais pour grandir il faut se souvenir du passé. »

 Rodolphe Lux, Fondation Armée du Salut, directeur résidence L’Arc en Ciel, Chantilly

 

Des mots pour prier

Garde-nous, Seigneur, du manque de mémoire qui est fuite en avant et refuge dans un oubli mortifère.
Mais permets-nous aussi de ne pas nous enfermer pas dans le passé, surtout quand il fut éprouvant.
Que nous sachions en faire le miel de notre liberté retrouvée et décupler la joie dans la durée.
Apprends-nous à relire dans notre histoire toutes les traces de ta présence, et à nous maintenir dans une humilité reconnaissante.
Amen