Le Mondial de football revient tous les quatre ans comme une liturgie bien huilée, avec ses émois d’avant-tournoi, ses drames à géométrie variable et ses troisièmes mi-temps pas forcément amusantes ou rassurantes. Au terme des huitièmes de finale, où tous les vainqueurs de groupes se sont qualifiés, parfois à l’arraché, l’opinion publique et les médias semblent avoir tout oublié ou presque des problèmes du Brésil, pourtant fort bien évoqués juste avant le tournoi. C’était déjà la même chose en Afrique du Sud il y a quatre ans, mais à vrai dire beaucoup moins en Allemagne en 2006 –les Eglises et les paroisses avaient fait un travail remarquable d’accompagnement, l’éthicien et évêque luthérien Wolfgang Huber étant allé jusqu’à recommander aux pasteurs de projeter les matches dans les Églises– occasion d’organiser ensuite des débats critiques!

Mais il a été bien relevé par plusieurs commentateurs ou journalistes que si nous devions vivre l’élimination du Brésil avant la finale ou même sa défaite dimanche 13 juillet, la réaction des Brésiliens pourrait prendre une dimension dramatique et dangereuse. On avait déjà observé en Argentine, en 1978, combien la victoire «programmée» de l’équipe de Mario Kempes était liée au désir de la junte du dictateur Videla de mettre le football au service de son affreux régime. La situation est bien différente dans ce pays émergent et fragile qu’est le Brésil de Dilma Roussef. […]