La coutume veut qu’on se fasse poète pour souhaiter les vœux les plus plaisants à ceux qu’on aime… et même aux autres. Cette année, nous verrons se multiplier les formules pour espérer que 2021 soit meilleure que 2020. Tout cela fait partie des coutumes qui relèvent des relations sociales au sein d’une société.

Si nous ouvrons les évangiles pour y chercher des vœux, nous risquons d’être déçus. La seule chose que Jésus a promise à ses disciples est… la persécution. Jésus est plus lucide que nos vœux pieux, il sait que notre monde est tragique et qu’il est traversé par le mal. La lecture du journal nous conduit à lui donner raison.

Alors que peut-on souhaiter pour 2021 ? Deux choses : l’espérance et la lucidité.

L’espérance n’est pas l’espoir que les choses vont bien se passer, mais le courage de rester debout au sein des difficultés. André Malraux qui était agnostique l’a bien vu : « La vertu théologale nommée espérance ne se confond pas avec l’espérance insatiable du joueur, pendant que tourne la roulette : l’espérance n’est pas espérance de quelque chose. » Si ce n’est pas l’espérance de quelque chose, c’est l’espérance de quoi ? L’espérance d’une présence, d’une direction, d’avoir le courage de l’action juste. L’espérance enfin que le mal n’est pas le dernier mot de l’histoire.

Après l’espérance, la lucidité consiste à avoir le courage de voir chaque situation pour ce qu’elle est et non pour ce qu’on voudrait qu’elle soit. Toutes nos vies et nos engagements sont menacés par ce que Max Weber a appelé la routinisation du charisme. L’inertie de l’habitude menace les Églises, les associations, les syndicats et les partis politiques. Par paresse, nous succombons à l’habitude de faire les choses parce qu’elles se sont toujours faites au risque d’en avoir perdu le sens.

Pour 2021, je vous souhaite l’espérance et la lucidité, et avec l’apôtre Paul, j’y ajouterais une pincée de sel et une bonne dose de grâce (Col 4.6). Et n’oubliez pas de vous aimer les uns les autres !