Nous sommes ballottés entre la sidération et le désarroi, mais il y a une chose que nous n’avons pas le droit de faire, c’est de nous habituer. La guerre est toujours sale et injuste. Il n’y a jamais de guerre juste même si on peut envisager qu’il y ait des guerres parfois nécessaires. La guerre, c’est d’abord et avant tout un gigantesque gaspillage d’énergie, de vie, d’espérance et d’avenir. À partir de sa propre expérience, Hélie de Saint Marc a écrit : « Il n’y a pas de guerre joyeuse ou de guerre triste, de belle guerre ou de sale guerre. La guerre, c’est le sang, la souffrance, les visages brûlés, les yeux agrandis par la fièvre, la pluie, la boue, les excréments, les ordures, les rats qui courent sur les corps, les blessures monstrueuses, les femmes et les enfants transformés en charogne. La guerre humilie, déshonore, dégrade. C’est l’horreur du monde rassemblée dans un paroxysme de sang et de larmes. »
Comment parler de la guerre ? Nos mots sont infirmes. Il faudrait être poète, alors je me mets à l’écoute des immenses poètes qu’étaient les prophètes de la Bible pour décrire la guerre.
Avec le livre des Lamentations : Mes yeux s’épuisent à force de pleurer, mes entrailles bouillonnent, ma bile se répand sur la terre à cause du désastre de la belle, de mon peuple, parce que des enfants et des nourrissons défaillent sur les places de la cité (Lm 2.11).
Avec le prophète Sophonie : Ce jour est un jour de colère, un jour de détresse et de désarroi, un jour de tourmente et de ravage, un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuée et d’obscurité épaisse (So 1.15).
Avec le prophète Nahum : Assaut des chars, flamboiement d’épée, éclairs de lance : multitude de victimes ! une masse de cadavres ! des morts à l’infini ! On trébuche sur les morts. (Na 3.3).
En quittant les prophètes, nous pouvons conclure avec Jacques Prévert : Quelle connerie la guerre !