Tout a commencé dans la douleur. Nous sommes venus au monde à travers la douleur et avons ouvert la bouche pour pleurer notre premier cri. Nous goûterons immanquablement à l’amertume de la souffrance avant de mourir, sans avoir pu jamais lui échapper complètement. Plus nous grandissons et prenons de la maturité, moins nous escomptons lui échapper. Plutôt, nous apprenons à choisir comment l’affronter en prenant conscience de nos limites.
La souffrance habite nos romans, nos films, nos journaux.
Elle motive nos combats, nos luttes, notre quête de sens et de sagesse. La science développe des moyens pour la faire disparaître ou du moins l’endiguer. Elle paraît presque nécessaire pour garder nos vies en tension. La souffrance semble donc normale et pourtant, elle nous révolte constamment, nous plonge dans la colère, dans la honte, dans le déni ou le dénigrement de soi. Elle nous isole ou nous pousse à fuir. Quel paradoxe qu’une chose aussi commune soit aussi difficile à assumer ou à accueillir !
Tellement commune qu’on n’imagine pas vraiment à quoi peut ressembler la vie éternelle sans souffrance. Tellement révoltante qu’on essayera souvent de lui donner un sens, une vertu, une utilité quelconque afin d’apaiser notre conscience. À moins, peut-être, que notre incapacité à l’intégrer complètement soit le reste d’une conscience ancestrale. Nous croyons en effet qu’à l’origine nous n’avons pas été créés pour la connaître. Elle est la conséquence de la Révolte, de l’irruption du péché dans le monde. Et rien ne saura la chasser si ce n’est la recréation du monde lui-même, lors du retour de Jésus.
Impuissants face à cette réalité, il reste, le plus souvent, les mots pour la saisir, la raconter, et l’ouverture du cœur pour l’accueillir, écouter ce qu’elle a à nous dire. Cela ne la fera pas disparaître mais la rendra sans doute un peu plus supportable ! Or, est-ce bien dans l’Église que je peux trouver cet accueil bienveillant qui me permet de dire ma souffrance ?