J’ai terminé mon article précédent en disant que face au grand malheur, quand on ne pouvait rien faire, on pouvait encore prier. La prière est le refus de la résignation, c’est aussi un acte de compassion.
Étymologiquement, le mot intercéder veut dire se déplacer entre, aller d’une personne à l’autre. Le ministère de l’Église et des chrétiens est de dire la Parole de Dieu aux hommes et de se tenir devant Dieu avec la souffrance du monde. L’intercession est un acte de solidarité. Elle est une façon pour les croyants de se rappeler qu’ils ne vivent pas dans une arche protégée, mais qu’ils ont été envoyés au milieu d’un monde en souffrance.
Le théologien Henri Nouwen a écrit : « Prier pour les autres, c’est permettre à leurs douleurs et à leurs souffrances, à leurs angoisses et à leur esseulement, à leur confusion et leurs craintes de résonner au plus profond de nous-mêmes. Prier, c’est entrer dans une profonde solidarité intérieure avec nos semblables pour qu’en nous et par nous ils puissent être touchés par la guérison de l’Esprit de Dieu. »
Parfois l’intercession est considérée comme une forme puérile de la prière qui considère Dieu comme un roi capricieux qui attendrait qu’on s’agenouille devant lui pour consentir à distribuer ses grâces. Je préfère la considérer comme l’attitude de l’homme solidaire qui refuse de s’habituer au mal et qui se tient devant Dieu avec sa révolte et sa compassion. L’intercession est l’acte d’amour des amis du paralytique de l’évangile qui le conduisent à Jésus. C’est le service de l’infirmière qui expose un malade transi aux rayons du soleil. Même si le malade finit par décéder, il aura passé un moment au soleil.
Un père du désert faisait la comparaison suivante : « Celui qui prend de l’huile dans le creux de sa main et en frotte un malade obtient pour lui aussi un avantage de l’onction : car l’huile pénètre sa propre peau. De même, si l’un de nous fait une prière pour un frère, il en partage le profit. » Il concluait son enseignement en disant : « Priez les uns pour les autres si vous voulez être guéris. »
Dans une vidéo de Campus protestant, sœur Évangéline prend l’exemple des amis de Daniel qui étaient dans la fournaise ardente[1]. La prière ne les a pas retirés de la fournaise, mais ils n’ont pas été brûlés.
Je prie parce que je ne veux pas oublier ceux qui sont dans la fournaise.
[1] https://campusprotestant.com/video/soyez-le-ciel-pour-vos-contemporains/