Le premier se trouve dans les trois premiers évangiles. Il présente la figure d’une mère qui a peur pour son fils. Lorsque Jésus polémique avec les religieux, Marie essaye de le faire rentrer à la maison. Jésus lui répond durement : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? Puis promenant les regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère. » (Mc 5,33-35)
Dans ce récit, Marie se comporte comme toutes les mères. Elle voit bien qu’il est en train de lui échapper et de substituer une autre famille, spirituelle, à sa famille naturelle. Quelle mère, lorsqu’elle voit son enfant choisir un style de vie trop radical, ne préférerait pas qu’il soit un peu plus normal ? Ce texte nous rappelle que Marie est une maman et que, comme toutes les mères, elle a peur pour son fils.
L’autre récit est celui des noces de Cana qui se trouve dans l’évangile de Jean. Jésus et sa mère y sont invités. L’évangile raconte : « Comme le vin venait à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont pas de vin. Jésus lui dit : Femme, qu’y a-t-il entre toi et moi ? Mon heure n’est pas encore venue. »
Comme dans le premier récit, la réponse de Jésus est un peu rude, mais Marie ne se démonte pas, et elle dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,1-5). Ce n’est plus la mère qui a peur pour son fils, mais c’est la femme de foi qui pousse son fils à accomplir son ministère. Ici, Marie ne retient pas Jésus, on pourrait presque dire qu’elle lui révèle sa propre vocation.
Ces deux textes sont contradictoires, mais ils sont tous les deux vrais. Marie est dans l’ambivalence de vouloir que son fils accomplisse sa vocation et en même temps d’avoir peur pour lui. Le matin, elle le pousse à suivre son chemin, et l’après-midi elle veut qu’il revienne à la maison. Quelle mère ne se reconnaît pas dans cette tension ?