L’histoire est la suivante : comme à son habitude le peuple se plaint à Moïse parce qu’il n’y a pas d’eau. Il lui reproche de l’avoir amené dans le désert pour y mourir de soif. Moïse se tourne vers Dieu et ce dernier lui demande de prendre son bâton et de parler au rocher [1]. Moïse se souvient que quarante ans auparavant, au tout commencement de l’Exode, Dieu avait déjà demandé à Moïse de frapper le rocher avec son bâton pour faire jaillir une source [2]. Moïse S’appuie sur son expérience pour faire la même chose : il frappe le rocher de son bâton et une nouvelle fois, il en sortit de l’eau en abondance.
Le miracle est spectaculaire, mais à notre grande surprise, le texte ajoute que Dieu est en colère contre son serviteur. Il reproche à Moïse son manque de foi qui l’empêchera d’entrer pas en terre promise. Où Moïse a-t-il manqué de foi ? Quelle faute si grave a-t-il commise pour entraîner sa déchéance ?
Dieu a demandé à Moïse de parler au rocher, et ce dernier a frappé le rocher. Au début de l’exode, le peuple était dans l’économie religieuse du prodige et du surnaturel et Moïse pouvait utiliser son bâton magique. Au moment d’entrer en terre promise, Dieu a invité Moïse à entrer dans une économie différence, l’économie de la parole. Ce n’est pas Moïse qui a accompagné le peuple en terre promise parce qu’il avait les neurones un peu ankylosés : il a entendu “eau“, “bâton“ et “rocher“ et il n’a pas prêté attention au reste : il a pris son bâton et il a frappé. Dieu lui a alors fait comprendre qu’il devait passer la main.
Ce récit nous invite à nous interroger sur ce que l’Esprit dit à notre temps, qui n’est peut-être pas la même chose que ce qu’il disait il y a quarante ans. Jésus a dit : « Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas bon pour le royaume de Dieu [3]. »
[1] Nb 20.8.
[2] Ex 17.6.
[3] Lc 9.62.