Ce matin, dans mon temps d’étude, j’ai médité le verset du livre de l’Exode dans lequel le Seigneur dit à Moïse à propos du sabbat : « Que chacun de vous reste donc où il est ; que personne ne sorte de chez lui le septième jour[1]. » Je n’ai pas pu lire ce verset sans penser au confinement.

Et si la théologie nous aidait à faire du confinement un sabbat ?

La première apparition du sabbat est le septième jour du premier récit de création de la Genèse. Le texte dit : « Dieu bénit le septième jour et en fit un jour sacré, car en ce jour Dieu se reposa de tout le travail qu’il avait fait en créant[2]. » Les sages se sont posé une question : Si Dieu avait sept jours à sa disposition pour créer le monde, pourquoi s’est-il dépêché de tout faire en six ? Ils ont répondu que le septième jour, il a encore créé quelque chose, il a créé le repos.

Ce commentaire est intéressant, car il nous apprend que le sabbat n’est pas l’absence de travail, c’est une œuvre de création. Ce n’est pas un simple arrêt parce qu’il faut de temps en temps permettre à la machine de récupérer pour être plus efficace, c’est une prise de distance pour nous aider à penser ce qu’on vit, à donner du sens à son existence.

Cette prise de distance n’est pas un conseil de sagesse, c’est un commandement qui est dans les dix paroles (dix commandements) aussi impératif que ceux qui demandent d’honorer ses parents, de ne pas tuer et de ne pas voler.

Par rapport au travail et au repos, la situation qui est la nôtre est paradoxale. Il y a d’un côté ceux qui sont surchargés de travail – je pense aux soignants – et ceux qui sont forcés à ne rien faire en restant chez eux. Est-ce que ce paradoxe n’est pas une caricature de notre société malade du travail ? En dehors de la situation particulière que nous vivons, je connais dans mon entourage des personnes qui travaillent douze heures par jour – et parfois plus – et d’autres qui sont au chômage. On ne pourrait pas apprendre à partager ?

Que cette période de confinement nous aide à nous poser la bonne question. Quelle part voulons-nous accorder au travail dans notre vie, et quelle part au ressourcement ?

Quand nous retournerons à notre travail, qu’on n’oublie pas que le sabbat est un commandement pour faire mémoire de ce que nous nous sommes dit pendant ce temps de confinement.

[1] Ex 16.29.

[2] Gn 2.3.