Un général syrien du nom de Naaman revient victorieux d’une bataille qu’il a menée contre Israël. Ce général glorieux et puissant porte cependant en son corps une maladie terrible, il est lépreux. Il a ramené de ses expéditions militaires une petite servante israélienne qui lui indique qu’il peut guérir de sa lèpre s’il se rend auprès d’un prophète qui réside en Israël. Il fait confiance à la fillette et part avec sa suite chez le prophète Élisée. En homme de pouvoir et de protocole, il passe d’abord chez le roi de Syrie qui lui remet une lettre de recommandation pour le roi d’Israël. Le roi d’Israël ne comprend pas cette démarche et pense à une provocation de la part de la Syrie : « le roi de Syrie m’envoie un homme pour que je le guérisse de sa lèpre ! Vous le voyez : il me cherche querelle » (2 Rois 5, 7).

Le roi d’Israël ne comprend pas cette démarche et pense à une provocation de la part de la Syrie : « le roi de Syrie m’envoie un homme pour que je le guérisse de sa lèpre ! Vous le voyez : il me cherche querelle » (2 Rois 5, 7).

« Si le prophète t’avait demandé quelque chose de difficile, ne l’aurais-tu pas fait ? À plus forte raison s’il te dit : « Lave-toi et sois pur ! » »

Il finira par arriver chez le prophète Élisée qui ne daignera pas sortir de chez lui et lui prescrira par ses serviteurs interposés d’aller dans le deuxième livre des Rois au chapitre 5, les versets 1 à 27. se plonger sept fois dans le Jourdain pour être guéri. Le général proteste de la désinvolture du prophète qui ne le reçoit pas à la hauteur de son rang et dont le remède semble dérisoire. On ne sait pas si cette histoire racontée dans le deuxième livre des Rois dans la Bible est vraie, mais elle reflète bien des situations humaines où force et faiblesse, simplicité et complexité, puissance et vulnérabilité ne parviennent pas à s’entendre.

Le général est conscient qu’un mal absolu le ronge et il accepte la parole d’une petite esclave israélienne qui ne représente pourtant rien dans son échelle de valeur. Cependant, il ne va pas jusqu’au bout de cette logique de l’abaissement ; avant d’être un malade il est avant tout un général glorieux et il veut le montrer coûte que coûte. C’est une fois de plus la parole d’un serviteur qui va le convaincre d’aller se plonger dans le Jourdain, même si le Jourdain ne peut supporter la comparaison avec les fleuves de Damas. Son serviteur, pour l’encourager, aura cette phrase qui résume bien le conflit intérieur du général : « Si le prophète t’avait demandé quelque chose de difficile, ne l’aurais-tu pas fait ? À plus forte raison s’il te dit : « Lave-toi et sois pur ! » (2 Rois 5, 13).

Ce qui fait la force de ce texte c’est d’une part de nous montrer que la force et la puissance ne viennent pas à bout du sentiment de finitude absolu qu’est la maladie et, d’autre part, que la guérison du général survient parce qu’il a accepté par deux fois la parole de ceux dont la voix ne représente généralement rien.

Brice Deymié, Aumônier national des prisons, Fédération protestante de France