Cette critique réformatrice suppose que la foi prime sur les doctrines, autre « dogme » libéral. Au XIXe siècle, l’insistance sur le progrès de la pensée n’est pas propre aux théologies libérales. Elle est une expression de l’esprit de ce temps. Tandis que le siècle des Lumières avait tenté d’établir l’universalité de la raison, le XIXe se rebelle contre son caractère immuable et affirme que tout évolue au cours de l’histoire. La philosophie et la théologie ne font pas exception. Il n’y a donc plus de doctrines fixes, mais une critique régulière de tout ce qui est établi. Dans un premier temps, nous évaluerons la pertinence de ce « dogme » libéral de l’évolution des doctrines, ce qui nous conduira à nous demander comment les théologies libérales justifient cette nécessité de réformer sans relâche la théologie chrétienne.
Résister ou réformer
Observons d’emblée que la volonté libérale de critiquer les doctrines traditionnelles contient un jugement de valeur : le refus de se réformer, l’attitude conservatrice, est perçue comme un tort. Mais pourquoi ? N’y a-t-il pas des situations où, au nom de l’Évangile, il est requis de résister aux mutations culturelles ? Les réformateurs ont-ils toujours raison ? L’apôtre Paul ne débute-t-il pas son épître aux […]