Il est un lieu vivifiant, un lieu où éclôt toujours nouveau le désir d’être vivant, c’est-à-dire le désir d’être relié à soi-même, à d’autres et à plus que soi et d’autres, un lieu toujours ouvert, accessible sans condition, accueillant. Un lieu qui n’est pas fixe mais mobile, transportable, d’installation légère, de dimension variable. Ce lieu, je le reconnais comme une tente, à la fois provisoire et accompagnant les longues marches, à la fois espace d’intimité et d’hospitalité, à la fois à l’écart et perméable à l’environnement. Ce lieu c’est celui de la lecture des Écritures, une lecture déployée de l’exégèse à la méditation, de la littéralité du texte à la prière, entre réception de transmissions et passage vers des possibles et des peut-être. La tente est dressée chaque fois que la Bible est ouverte et les Écritures arpentées avec attention, avec cœur et intelligence, avec curiosité et désir, même un court fragment ou pour un court moment, en solitude ou en compagnie.
Est-ce le souvenir des récits recueillis dès l’enfance, celui du nomade Abraham installant son campement en tant de lieux différents ou celui de la Tente de la rencontre accompagnant le long chemin d’Exode ? Ou encore le scintillement sans éclipse du Prologue de Jean mettant en lumière que le Verbe a été fait chair et a installé sa tente parmi nous ? L’image de la tente s’est accordée avec l’expérience de la lecture des Écritures comme un espace particulier, mis à part, où se désaltèrent le cœur et l’âme, où se nouent et se dénouent les relations à soi, aux autres, à Dieu, où se rassemblent le sens, le courage, les […]