Je ne sais pas quand et à quelle occasion l’Église a décidé de commencer l’année liturgique par l’avent, mais ce jour-là l’Esprit a soufflé fort.

L’année commence par l’annonce tonitruante que nous attendons, donc que nous n’avons pas. L’avent définit la foi dans le registre de l’attente, de la soif, de la tension vers ce qui vient.

Le philosophe Jacques Derrida a posé la distinction entre le futur et l’avenir. Le futur est à l’indicatif : « je ferai ceci ou cela », c’est ce qui est prévisible. À l’inverse l’avenir ne peut se prévoir. Il me surprend comme l’effraction d’un voleur.

Le futur, c’est que nous fêterons Noël le 24 décembre.

L’avenir, c’est que le Christ vient. Comment ? Il est comme la mort, l’amour ou la grâce, il ne peut se prédire, car il échappe à notre mainmise.

En cela, l’avent est la meilleure barrière que nous pouvons ériger contre tous les intégrismes qui veulent enrôler Dieu sous leur bannière.

Les intégristes sont des idolâtres, car ils confondent Dieu avec leur compréhension de Dieu. L’avent nous protège de l’idolâtrie.

J’aime cette citation de Paul Tillich : « Il n’est pas facile de prêcher Dieu à des enfants et à des païens, à des sceptiques et à des athées, et de leur expliquer en même temps que nous-mêmes ne possédons pas Dieu, mais que nous l’attendons. Je suis convaincu que la résistance au christianisme vient pour une grande part de ce que les chrétiens, ouvertement ou non, élèvent la prétention de posséder Dieu et d’avoir ainsi perdu l’élément de l’attente… Nous sommes plus forts quand nous attendons que quand nous possédons. »

Dans le cadre de Campus protestant, j’ai enregistré la vidéo d’un dialogue avec le rabbin Olivier Kauffmann sur l’avent[1]. Contre toute attente, on était assez proche, car au-delà de nos différences, on partageait une même espérance.

Merci à l’Église de me rappeler dans sa liturgie que l’espérance est au commencement de la foi !

[1] https://campusprotestant.com/video/judaisme-et-christianisme-quelle-est-la-signification-de-lavent/