Dans la Bible, lorsque Dieu veut parler à son peuple, il l’emmène au désert. Abraham est devenu le père des croyants en marchant dans un désert, Moïse a reçu sa vocation au buisson ardent dans un désert, et c’est dans ce même désert que la loi a été donnée. Jésus a été poussé au désert après son baptême pour éprouver sa vocation.
Au désert, il n’y a pas d’automobile pour abolir les distances, pas de télévision pour passer le temps, pas d’ordinateur pour s’abîmer dans le travail, pas de football pour se distraire, pas de café pour se retrouver entre amis. Les rapports sociaux et culturels n’existent plus, l’humain est nu, dépouillé, conduit à la solitude.
Deux citations sur le désert. Théodore Monod bien sûr : « Ici, j’ai le sentiment presque palpable de la montée de la vie et de l’esprit. Plus de machine à abêtir les hommes, plus de frivolité, de médiocrité. Nous voici enfin seuls avec le réel, la vérité. » Et puis le Petit Prince : « Ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part. »
Le désert, c’est la quête du puits, ce qui nous situe aux antipodes de ce que Pascal appelait le divertissement qui est la fuite dans le jeu et l’activisme pour éluder les grandes questions de la vie.
Si on faisait du confinement une occasion de désert en laissant une place au silence intérieur, à la méditation, à la lucidité ?
Deux textes à méditer pour arroser notre désert.
Le sage Moshé Haim Luzzato : « C’est là en vérité, un des stratagèmes du penchant au mal, une de ces ruses, que d’accabler le cœur des hommes par un travail ininterrompu, de sorte qu’ils n’ont plus de loisirs pour analyser et méditer sur la voie à suivre. »
Une prière d’André Dumas : « Notre Dieu, nous te demandons de laisser le repos venir à notre cœur, à notre pensée et à notre corps afin que nous puissions faire halte et nous démettre de ce qui tourbillonne, se bouscule et s’encrasse en nous. Tu le sais : malgré les apparences que nous nous donnons d’être calmes et organisés, détachés et concentrés, en réalité, nous ne faisons pas trêve avec nous-mêmes. Nous remplissons notre temps comme une armoire comble. Nous bourrons nos vies, sans nous laisser d’espace pour les vivre. Nous allons de travaux en divertissements, et nous ignorons le repos. Fais que nos repos ne nous effraient pas, nous qui savons mal user de la liberté du temps. Fais que nos repos ne nous dissolvent pas, nous qui savons mal vivre le silence et le calme, le retrait et la retraite. »