Hier, à 20h00, à ma fenêtre, j’ai dansé sur un morceau de musique qui venait de l’immeuble d’en face. Des hommes et des femmes applaudissaient, d’autres frappaient des mains ou tapaient avec une louche sur une casserole. Une sorte de communion entre des voisins qui ne se connaissent pas. L’ambiance était joyeuse, festive.

L’objectif officiel était d’encourager le personnel soignant, mais je pense qu’il y avait plus que ça. C’était comme une protestation. Une façon de dire que notre vie ne se réduit à ses journées où nous restons confinés dans notre appartement. Une parole adressée au Covid : « Tu n’auras pas ma patience, tu n’auras pas mon désespoir ! »

J’ai pensé au récit biblique de l’effondrement des murailles de Jéricho. L’histoire est la suivante. Pour organiser le siège de la ville, le Seigneur propose à Josué une stratégie militaire insolite : pendant six jours, il doit tourner autour de la ville avec les Hébreux en silence. Le septième jour, le peuple est invité à faire sept fois le tour, puis à pousser une acclamation et sonner de la trompe. Et les murailles se sont effondrées !

Je ne sais combien de jours, combien de semaines il faudra danser, chanter et applaudir à nos fenêtres pour que le Covid s’effondre, mais il s’effondrera. Et ce jour-là, il nous trouvera vivants.

Ce soir, quand je me présenterai à ma fenêtre, j’applaudirai pour soutenir les soignants, pour faire un signe à mes voisins et je pousserai un cri pour que tombent les murailles de l’épidémie.